1940, quelque part en Castille. C'est avec beaucoup d'impatience que les enfants et les grandes personnes d'un petit village rural isolé sur un vaste plateau désertique, attendent l'arrivée de la traditionnelle camionnette du projectionniste ambulant pour visionner dans l'habituelle salle des fêtes de la mairie aménagée pour l'évènement, un nouveau film. Parmi l'ensemble des nombreux spectateurs présents, deux fillettes, Isabel et sa sœur cadette Ana, cette dernière qui sera fortement marquée par la projection du "Frankenstein" du réalisateur James Whale. Revenues dans leur famille recluse dans une dense solitude relationnelle (le père passe la majeure partie de son temps avec son rucher et ses abeilles alors que la mère écrit, cloîtrée dans sa chambre, d'intarissables et débordantes missives à un mystérieux inconnu, amant réel ou fantasmé) les gamines laissent leur imagination s'étendre sur l'histoire de la créature qui selon Isabel se cacherait dans une grange abandonnée, en plein champ, près d'un profond puits. Et la petite Ana, subjuguée par les développements narratifs de sa frangine, retourne désormais tous les jours à l'endroit, pour finalement y découvrir, une après-midi, son "monstre" tant attendu, (peut-être un Républicain en fuite ou un repris de justice) un homme blessé à la jambe droite, en sautant d'un train, non loin de l'endroit, qu'elle va aider et soigner, vaille que vaille. Mais une nuit, l'inconnu est abattu par des policiers de la Garde Civile, jetant la pauvre Ana dans une fuite éperdue...