Aujourd'hui ville fantôme, Anarene, près des chutes Wichita, au Texas, dans les années 1950 commence déjà à péricliter avec l'assèchement progressif du champ pétrolifère local et devient lentement, pour la jeunesse environnante, une voie sans issue qui aboutit invariablement au sempiternel bistrot de la rue principale avec son billard et son cinéma en inéluctable annexe, presque chaque samedi soir. A défaut de s'encanailler à Dallas ou de se faire dézinguer en Corée, chacun reste sur ses prétendus acquis et autres bévues sentimentales, tels Duane en compagnie de l'aguichante Jacy qui de son côté cherche un époux au portefeuille rembourré ou Sonny qui entretient une liaison avec la femme de son professeur de gymnastique. Une kyrielle d'existences pétrifiées dans une inaltérable mornitude, sans cesse balayées par un permanent souffle venteux que seule la mort, cardiaque ou accidentelle, celle du gérant du cinéma ou celle de l'idiot du village, ranime un instant, le temps d'un enterrement ou d'une fatalité routière.
>>> Teintée d'une persistante nostalgie rehaussée par un noir et blanc d'une tonalité évanescente et délavée, cette réalisation douce-amère, quelque peu désenchantée et faussement apathique, laisse souvent les silences et les regards en intense expression, au détriment des mots, de la parole, devenus souvent secondaires voire inutiles...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)
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