1942. Après l'occupation de Shanghaï, sa ville natale, par les forces japonaises, l'affable étudiante Chia Chin Wong s'en vient à Hong Kong où elle s'intègre dans un groupe de jeunes acteurs de théâtre du milieu universitaire de la grande mégalopole asiatique. Des pièces engagés appelant à une Chine libre à des actions plus radicales, le pas sera vite franchi en adhérant à un petit groupuscule d'opposants de son âge qui veulent éliminer le dénommé Yee, un des chefs incontestés de la collaboration avec les Japonais. Il est donc décidé de monter un ingénieux stratagème pour approcher la cible honnie, en faisant passer la jeune militante pour l'épouse de monsieur Mak, un important homme d'affaires fort occupé dans l'import-export. Effectivement, Wong, à force d'opiniâtreté et de finesse parvient à s'immiscer dans le cercle restreint des amies de l'épouse de Yee, souvent invitée à d'interminables et complices parties de mah-jong. C'est donc par le biais d'une discrète séduction que la jolie "espionne" devra susciter un désir charnel auprès de la méfiante future victime. Mais une impromptue et désastreuse mutation de la famille Yee à Shanghaï anéantit tous les mortels projets et les tortueux plans longuement fomentés. Pourtant, trois ans plus tard, une nouvelle chance s'offre à Wong pour remplir sa terrible mission .....
- Positif numéros 561 et 563
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Annuel Cinéma 2009
- Cahiers du Cinéma numéro 630
Critiques (Public)
17/20 : La forme rappellerait assez les grands films américains sortis en fin de guerre mondiale, tels "Soupçons" d'Hitchcock, dont on voit un court extrait, et les affiches placardées dans ce Shanghaï en pleine occupation japonaise (1942). Inspiré d'une nouvelle, l'ensemble a des allures de grand classique, à part peut-être cette façon d'amener habilement le flash-back au beau milieu de l'intrigue, manière de faire d'aujourd'hui. Le fond recoupe tous les tiraillements de l'âme occupée à transgresser, sauvagerie doublée de la rage de ressentir de la compassion. Défilent sous nos yeux l'inconscience du patriotisme exacerbé, ainsi que les rouages d'une société où les chefs donnent toujours l'apparence de mieux s'en tirer, de quelque bord qu'ils se réclament. Ang Lee fait prévaloir le collectivisme sur l'individualisme (ce cacheton non consommé me reste en travers de la gorge...) mais je me demande s'il n'y a pas été contraint, de manière à être accepté par les autorités chinoises. On reconnaît bien le réalisateur de Brokeback Mountain (film censuré en Chine), la prise de possession amoureuse comme un château à assiéger et ensuite, le sentiment qui s'accroît, avec cette rage à osciller entre fondre et se rebiffer. La jeune femme touche par le fait qu'elle se prend elle-même à son double jeu, mais le plus irrésistible est bien ce Monsieur Yee, quand bien même il incarne un collabo. L.Ventriloque