Détenu dans une prison de Téhéran pour jeunes délinquants, Akbar vient de fêter sobrement ses dix-huit printemps, une célébration guère enthousiasmante, de par l'endroit de la brève commémoration et de par les insidieuses et dramatiques conséquences de cet événement a priori pourtant fort anodin. En effet, le garçon est désormais majeur et aux yeux de la loi iranienne, susceptible d'être exécuté pour le crime commis, quelques années auparavant, le meurtre d'une jeune fille de son âge, promise à un autre et suivi d'une tentative de suicide avortée. Seule possibilité pour échapper à cette fatale condamnation, se concilier impérativement le pardon du père de la jeune victime. C'est ce que va tenter d'obtenir Ala, son ami de détention, avec l'aide de la soeur du condamné à mort, la délicieuse Firoozeh, mère d'un adorable et vorace bambin, qui vit avec son mari divorcé, un marchand de babioles diverses et variées, occasionnellement discret vendeur de cannabis. Plusieurs vaines tentatives vont être faites par les deux jeunes protagonistes auprès du paternel, un vieux médecin pratiquant, qui prône obstinément la loi du talion. Et ce n'est qu'après de longues et fréquentes prises de contact et visites intempestives, que la position du père semble légèrement s'infléchir, dans une éventuelle acceptation du "prix du sang", une somme évaluée à près de quatre millions de tomans qui permettrait de faire opérer la fille issue d'un second mariage, lourdement handicapée. Un montant exorbitant impossible à rassembler par nos deux obstinés personnages qui commencent à ressentir l'un pour l'autre d'inattendues et spontanées affinités électives...
- Positif numéros 617/618
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Le Canard Enchaîné du 11 juillet 2012
- Libération du 11 juillet 2012
Critiques (Public)
14/20 : Moins abouti, moins universel que les deux plus récents du réalisateur, "plus typiquement iranien" en somme. Sans coup de théâtre genre "A propos d'Elly". Plutôt les tergiversations qu'on retrouvera dans "Une séparation". Quelques scènes étirées sans vraiment apporter de plus si ce n'est l'atmosphère, de constants allers-retours du jeune homme, un bébé ballotté de bras en bras et dont on comprend qu'il incarne la douleur des jeunes générations. Il y a heureusement, outre le soin technique à tous niveaux, inclus les dialogues, l'attachante Taraneh Alidoosti et la bonhomie du quotidien, une fois quelques bagarres assouvies. Tous se frictionnent dans cette course à la peine commuée, leurs raisons réciproques louables seulement en théorie, car "qui dit Iran dit entraves". Le collectivisme contrôlant chaque acte, on est vite en dehors du chemin tracé (exemple, la femme qui divorce) sans que l'idée de révolte effleure. L'ensemble mène le spectateur, tel un juré obligé de se prononcer face à deux alternatives. Et là, seule l'abnégation amoureuse séduit. La femme que je suis en a eu assez de cet écheveau du pardon à partir d'un meurtre de femme, que de salamalecs en plus du compromis douteux... Il faut dire que maison, femmes, sauver sa tête ou racheter une existence ingrate se brassent comme au temps de l'âge de pierre dans cette histoire... Très inconfortable !
L.Ventriloque