C'est toi qui est blessé et c'est moi qui souffre...
Dans les faubourgs de Kaboul, par intermittence, surtout à la tombée de la nuit, des bombardements sporadiques obligent la population locale à se terrer dans les caves, en attendant une accalmie souvent interrompue par des incursions ennemies dans les ruelles environnantes. Une jeune femme veille son époux dans le coma, après une vilaine blessure par balle à la nuque, qu'elle soigne vaille que vaille avec une perfusion de sérum ou à défaut avec un mélange d'eau sucrée, salée. Déjà seize jours dans une inertie végétative et muette, avec comme seule présence, certainement ignorée, celle de sa compagne et de temps à autre, de ses deux petites filles qui seront finalement confiées à une compatissante tante qui officie dans un autre quartier comme mère maquerelle dans une disparate et bigarrée maison close. Durant les longues heures passées au chevet de son époux claustré dans son pesant silence et sa maladive hébétude, elle va peu à peu lui exprimer ses pensées les plus secrètes, ses souvenirs et ses blessures intimes ainsi que d'inavouables confidences longtemps dissimulées, comme à une "syngué sabour", cette ancestrale pierre noire magique, qui selon une légende perse, permet que l'on confie ses soucis, ses peines, ses problèmes, qui les absorbe jusqu'à ce qu'elle en soit pleine et qui finalement éclate pour nous en libérer définitivement. Et voilà que débarquent dans le petit appartement, deux soldats, mitraillette au poing et agressivité en bandoulière...