Les cangaceiros sont des brigands qui sillonnent la Caatinga, région du nord-est brésilien qui, devant l'incurie gouvernementale et la misère endémique, se sont constitués en bandes armées, dans l'immensité aride et désolée du sertão. Nous suivons en particulier l'une d'elles, menée par l'autoritaire capitaine Galdino Ferreira, qui vient de piller un petit village, uniquement protégé par cinq soldats et un caporal, et d'enlever l'institutrice qu'il compte échanger, avec les autorités administratives, contre une copieuse rançon de vingt milles réals. Alors que de sourdes et permanentes tensions pointent dans le petit groupe composé d'une trentaine de soudards décidés et que l'un des brigands, un certain Teodoro, se sent plein de faiblesses pour la belle enseignante, au point de lui proposer de l'aider à fuir ses geôliers, les autorités politiques de l'état créent, en réaction aux moult exactions de ces derniers mois, la Troisième Milice des Volontaires, dirigée par le commandant Alcides, facilement anéantie par les rebelles hors-la-loi. Bénéficiant de quelques heures d'avance, Teodoro et la jeune captive qui viennent de quitter nocturnement le campement, tentent de rejoindre la ville, alors même que celui qui leur a fourni les chevaux, se meurt dans l'efficace supplice du galop, infligé par l'impitoyable et courroucé Ferreira...
>>> Malgré certaines scènes nocturnes sous-exposées, cette oeuvre magnifique et tragique, à l'antique et immémoriale dramaturgie, bénéficie d'un superbe noir et blanc d'ambiance, agrémentée d'une bande musicale inoubliable qui donne à cette épique et romantique évocation politico-affective, une présence et une puissance certaines. Et c'est bien là une marque des grands films, d'(em)brasser quelques destins individuels pour ensuite s'imposer dans d'évidentes considérations universelles et mythiques...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)
|