Quelque part à l'orée de la capitale, une communauté tzigane s'est installée, à côté d'une imposante décharge publique. Parmi eux, la dynamique et rebelle Saga qui refuse de se marier avec le dénommé Marco, son promis depuis l'enfance, selon d'ancestrales coutumes et traditions. Devant cette farouche opposition, il est décidé de convoquer la kriss, un séculaire tribunal coutumier qui seul est habilité à trancher lors de différends et à trouver une solution aux litiges dans leur campement. Elle décide donc de quitter le monde gitan, ses règles et ses rites, avant la fatidique réunion des anciens, de s'enfuir et de trouver du travail à Paris. Mais sans papiers et sans références, avec uniquement un carnet de nomade et une agressive fiche anthropométrique, toutes les portes se referment, que ce soit dans un bureau de placement, dans un bistrot ou une imprimerie, son statut de romanichelle provoque de récurrents refus ou de voilées rebuffades. En même temps, une espiègle petite fille, surnommée Puce, subjuguée par le récit d'une ancêtre de la tribu qui raconte qu'il existe quelque part dans le monde une racine miraculeuse qui peut abolir la malédiction qui pèse sur les gitans, s'est mise en route et en quête pour la trouver, accompagnée de Ballo, un petit camarade fort débrouillard. Cette terrible imprécation remonte, selon une tenace légende à l'époque de la Passion du Christ, lorsqu'un tzigane a dérobé les fameux clous de la Croix, un événement sans cesse rejoué, commémoré chaque année par l'ensemble du monde gitan...

>>> Malgré quelques invraisemblances scénaristiques et des lourdeurs insistantes voire folkloriques, cette oeuvre généreuse et courageuse nous donne une vision sans concession d'un certain rejet de la communauté tzigane, il y a quarante ans, hélas encore, et encore d'actualité aujourd'hui. Sous forme de fiction documentaire, alliant poésie suburbaine, croyances ancestrales et dénonciation sociale, une réalisation toujours bienvenue, d'une indéniable fraîcheur cinématographique, précieuse et rare.
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)