Dans un minuscule village de Corrèze, aux activités essentiellement rurales et sylvestres, une poignée de travailleurs émigrés, d'origine italienne, venus en rudes saisonniers pour les coutumiers élagages et abattages forestiers, attire toutes les suspicions et toutes les défiances locales, depuis que de nombreux habitants de la bourgade sont les impuissantes victimes de graves déprédations volontaires (incendies de granges, catastrophique inondation, empoisonnement du bétail et des animaux de ferme.) Les soupçons se cristallisent en particulier sur le séduisant Manou qui fait tourner la tête et le coeur de bien des folâtres épouses de la région. En fait, l'énigmatique et inattendu coupable de ces ignobles vilenies est la nouvelle maîtresse d'école, surnommée, comme certainement aussi la précédente, "Mademoiselle", une jeune femme fort effacée et plutôt revêche, souffrant de violentes pulsions sexuelles refoulées qu'elle focalise en silence sur le séduisant Transalpin et dont le jeune fils, Bruno, doit subir quotidiennement, en classe, de fréquentes humiliations et moult moqueries. Cette récurrente et sournoise perversion va trouver son lascif et sordide acmé, une nuit trop pesante, avec la complicité silencieuse des bois déserts et des champs détrempés, dans un torride et charnel abandon, avec le puissant bûcheron, qu'elle accusera le lendemain de l'avoir violée. L'occulte et primitive (in)justice des hommes saura faire payer à l'innocent hébété, par un subreptice et clandestin lynchage, tous les maux et les insatisfactions de la terre entière...  

>>> Rarement l'atmosphère torride et lourdement sexualisée de certains brûlants écrits de Jean Genet n'aura été aussi justement appréhendée par le cinématographe et sa problématique représentation, avec en prime une sublime Jeanne Moreau, dans un extraordinaire rôle de garce ! Une oeuvre rare et précieuse, qui fut tournée en deux versions, française et anglaise, afin d'éviter un doublage jugé hautement préjudiciable par le metteur en scène et qui suinte et déborde d'une rageuse sensualité existentielle, aux confins des ultimes dérèglements dionysiaques et panthéistes...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)