Liminaire création fondamentale du metteur en scène François Truffaut et premières (més)aventures d'Antoine Doinel, un adolescent sensible et quelque peu tumultueux qui ne se sent guère à son aise dans sa famille, entre un père adoptif moralisateur et une mère discrètement volage. A l'école non plus l'atmosphère n'est pas des plus joviales, le garçon ne se privant pas de farces et autres cocasseries, avec la complicité de son seul ami René qui le seconde et l'épaule dans sa farouche détermination d'une apaisante autonomie qui commencera tout simplement par une journée consacrée à l'école buissonnière avec, entre autres, une joyeuse incursion dans une salle de cinéma, d'affolantes parties de flippers et une bordée dans un virevoltant stand forain. Mais le monde des adultes est intransigeant et castrateur pour les adolescents fugueurs et chapardeurs et Antoine connaîtra ainsi les rigueurs et les servitudes d'un Centre d'Observation de Mineurs Délinquants duquel il s'échappera pour se retrouver, à perte d'haleine et d'arguments au bord de la mer qu'il n'avait jamais vue auparavant...
- Fiche de Monsieur Cinéma
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- Cahiers du Cinéma numéros 97, 492, 1328, 1757, 2335
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- Cinéma numéros 33, 37, 42, 112, 270
- Présence du Cinéma numéro 1
Critiques (Public)
"La recherche de l'absolu vous a conduit droit au zéro"
Voici certainement le flambeau du cinéma vérité, celui explosant la sédentarité de décors pyramidaux et sédentaires comprimant des comédiens prisonniers dans une surface imposée.
Les plateaux de cinémas volent en éclats. La caméra s'installe dans la rue en filmant à la dérobée un nouvel espace de liberté offrant à des comédiens enfin oxygénés une suite de mouvements incorporés à la réalité des choses dans un concept scénarisé fusionnant merveilleusement avec la technologie de son époque.
Antoine Doinel, premier cas social citadin de l'histoire du cinéma français, vit ses dysfonctionnements à l'air libre ou en milieu exigu, en gérant en alternance traversées de rues à haut risque et promiscuités contraignantes.
Le rendu de la fin de ces années cinquante, rigides et austères, est remarquable parce qu'il est tout simplement vrai. Ce Paris aux façades noires pardonne pratiquement les écarts d'un jeune esprit vif prisonnier d'un contexte familial, étroit, instable, indifférent, sévère et punitif.
Si l'on demande mille francs, c'est que l'on espère récolter cinq cents francs en ayant vraiment besoin que de trois cent francs, on obtient donc que cent francs.
Cette équation paternelle pitoyable montre parfaitement la contrainte d'un adolescent de s'enfuir d'un tel contexte et de conquérir sa luminosité dans les rues accompagné de ses propres règles.
Les adultes sont perçus comme procéduriers, limités, inintéressants dans leurs médiocrités moralistes et leurs manques total d'écoute et d'affection envers un adolescent en plein trouble.
Sans être le composant d'une génération perdue, Antoine Doinel se construit par une opportunité libératrice, éloignée d'une société fonctionnant à la blouse grise, à la gifle et au sifflet.
Courage Antoine, Mai 68 n'est plus si loin.
JIPI