Anarchiste par vocation et par conviction, le taiseux Philippe Lutcher, qui signe aussi d'acerbes et cinglantes caricatures sous le pseudonyme de Chakal, a décidé de commettre une action d'éclat emblématique envers ce qu'il abhorre, un symbole marquant de l'aliénation et de la bêtise du grand public qui idolâtre les vedettes, qu'elles soient sportives ou artistiques. Son choix s'est finalement porté sur Clara Stuart, une star de la scène et de l'écran, de retour d'une tournée triomphale aux Etats-Unis et qui va donner un récital au fameux théâtre parisien de l'Impérial, où elle interprètera sa chanson fétiche : "Le bonheur". Mais le rageur coup de révolver ne fait que blesser la belle à l'épaule gauche qui après un court séjour hospitalier, se sentira fraîche et dispose pour assister au procès du rebelle personnage. Contre toute attente, Clara demande la clémence du jury, dans un exalté et convaincant élan oratoire qui ne donne pas à savoir si c'est la femme qui parle ou l'actrice qui cabotine, mais dont le plaidoyer occasionnera une peine mineure de quelques mois d'emprisonnement. Quelques discrètes visites durant la détention, de chaleureux échanges de courrier et des retrouvailles à la fin de l'incarcération augurent de profonds sentiments entre l'ancienne "victime" et son criminel repenti, surtout que la belle est désormais en instance de divorce avec son mari, l'affable comte Geoffroy de Choppé. Mais Clara ne peut s'empêcher de faire de sa vie, un perpétuel cinéma et inversement...

>>> Adapté d'une pièce à succès de Henry Bernstein, ce film a connu un grand succès à Moscou, un accueil mitigé en France. Il semble quelquefois que ce soit le théâtre qui l'emporte ici sur le cinéma. Pour notre part, nous retiendrons surtout la composition annexe de Paulette Dubost, d'une étonnante spontanéité et d'une fraîcheur indéniable ainsi que la succulente prestation efféminé de Michel Simon, époustouflant...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)