LES DENTS DE LA MER - 1975

Titre VF LES DENTS DE LA MER
Titre VO Jaws
Année de réalisation 1975
Nationalité Etats-Unis
Durée 2h04
Genre AVENTURES
Notation 15
Date de sortie en France 28/01/1976
Thème(s)
Monstres aquatiques
Requins (Cinéma américain)
Radeaux (tous pays confondus)
Réalisateur(s)
SPIELBERG Steven
Chef(s) Opérateur(s)
BUTLER Bill TAYLOR Ronnie METZ Rexford
Musique
WILLIAMS John
Renseignements complémentaires
Scénario : Carl Gottlieb
et Peter Benchley .....
d'après le roman de ce dernier
Décors : Joe Alves .....
Distribution : CIC

Visa d'exploitation : 44 431

Nota :

- Pour Allison Caine, Jackie Russell et Carol Androsky, uniquement la voix .....
Acteurs
SCHEIDER Roy
SHAW Robert
GARY Lorraine
DREYFUSS Richard
HAMILTON Murray
KRAMER Jeffrey
GOTTLIEB Carl
BACKLINIE Susan
FILLEY Jonathan
GROSSMAN Ted
REBELLO Chris
MELLO Jay
FIERRO Lee
VOORHEES Jeffrey
KINGSBURY Craig
NEVIN Robert
BENCHLEY Peter
FIELDING Dorothy
ANDROSKY Carol
RUSSELL Jackie
CAINE Allison
MAC DONALD Belle
Résumé

Un requin gigantesque sème la panique sur la côte ouest des Etats-Unis, près de la petite ville balnéaire d'Amity. Après plusieurs morts, le corps déchiqueté par le monstre aquatique, une équipe de trois personnes -le chef de la police, un océanographe et un pêcheur expérimenté vont traquer et tuer la bête...

>>> Premier film "commercial" de Steven Spielberg qui malgré quelques stéréotypes navrants et faciles, tient tout de même en haleine le spectateur attentif. Le succès du film provoqua l'apparition d'une multitude de succédanés médiocres sur la thématique "poisson-agression" souvent d'une affligeante médiocrité...

Bibliographie
- Cinématographe numéro 17
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Cinéma numéros 206,208,209,344
- Ecran numéros 44,50
- Positif numéro 179
- Saison Cinématographique 1976
- La Revue du Cinéma numéro 304,391,393
- Cahiers du Cinéma numéros 265
Critiques (Public)
C’est simple, depuis je ne vais plus à la plage... Jamais je ne voudrais me retrouver comme Crissie, la première victime, les pieds dans le noir, chatouillé par les caméras du master "Spielberg" C’est à croire que cet homme pourrait vous faire passer une souris pour le monstre du siècle. Un film à déconseiller aux fans du surf, mais un chef-d'oeuvre à ne pas manquer...

On aurait préféré une plus grande analyse du concept du combat perpétuel entre l'homme et l'animal qui est ici résumé à une banale anecdote, ce qui en dit long sur le message véhiculé par le film : "faites" gaffe aux requins ! NK

On dit que le blockbuster est véritablement né avec "Jaws". Conformément, car le film a été un carton pendant les vacances d'été. Ce terme de blockbuster, s'il n'a rien de déshonorant, contient toujours ce quelque chose de péjoratif dans le sens où certaines personnes l'assimileraient volontiers à un film spectaculaire mais impersonnel. Or, ce procès n'a pas lieu d'être. "Jaws" est spectaculaire, efficace, mais il est indéniablement un film d'auteur, beaucoup plus riche que sa réputation veut bien y faire croire, profond et intimiste, engagé et terrifiant. Malgré un tournage difficile (l'eau est toujours un problème, les effets spéciaux ne fonctionnaient que rarement, les dépassements de budgets et de temps...), le film en ressort grandit précisément grâce à sa conception chaotique et à l'habileté remarquable avec laquelle Spielberg va jongler avec les outils cinématographiques. Le début du film est mythique : une femme, après avoir dragué un jeune baba cool, décide de se faire un bain de nuit, pour ensuite se faire dévorer. La violence suggérée de cette séquence est d'une telle efficacité, que le film nous montre déjà que l'inconnu et l'invisible sont la source d'une peur accrue, puissante et dévastatrice, un ultime cauchemar avant de mourir. La perversité est de mise, car il s'agit d'un "acte sexuel" démesuré, anthropophage et primaire. Sexe et violence s'accumulent en une seule séquence. Dès lors, on comprend de suite que le monstre va être l'incarnation psychanalytique ou métaphorique des émotions humaines qui tentent de se déployer sans être stoppées par la systématisation culturelle dans ce qu'elle a de plus inconsciente. Le film est donc scindé en deux parties, une première politique et sociale. Brody est l'Américain ordinaire que Spielberg a souvent évoqué dans ses films qui va se retrouver dans une situation extraordinaire. C'est un homme fuyant la violence quotidienne pour s'apaiser, pour ne plus douter. Spielberg en profite bien entendu pour mettre en place la thématique de la famille. Brody se heurte au conservatisme et au capitalisme aussi carnassier que le grand requin blanc. Le message est évident : la culture est impuissante face aux forces de la nature, surtout quand on ne prend pas soin de bien l'étudier. Le portrait de l'Amérique posé par Spielberg est bien sans issue. Il faut la démonstration de force du requin pour que les choses s'accélèrent. Chaque attaque du requin est une sorte de signe divin pour que les actes se concrétisent. En un sens, chaque attaque est une étape expéditive qui nous fait comprendre l'insoutenable. Et c'est quand la thématique de la famille rejoint le capitalisme ambiant, grâce à la présence démoniaque du requin que Brody décide de prendre les choses en main. La seconde partie commence, la plus passionnante, riche, complexe. Trois individus, trois moments de l'Histoire, trois classes. Les U.S.A. ! L'affrontement titanesque entre la Nature et la Culture, selon la dualité philosophique en question, forme une des plus passionnantes traques de l'histoire du cinéma. Et Spielberg de proposer une mise en scène constamment tendue, avec quelques plages d'humour, mais formidablement vivante. Les moments spectaculaires sont terrassants, mais les moments intimistes ne le sont pas moins. Les personnages, qui représentent un maillon sociétal, prennent une épaisseur, nous rendant compte du poids que le rapprochement humain contient. La Seconde Guerre Mondiale pointe pour la première fois son nez dans le cinéma de Spielberg, dans la superbe séquence où Quint (excellent Robert Shaw) rapporte à Brody (excellent Roy Scheider) et Hooper (Richard Dreyfuss... excellent) le terrible calvaire qu'il a enduré avec des milliers d'hommes lorsqu'ils étaient en plein milieu du Pacifique, infesté de requins. Cette séquence illustre bien l'idée que les maux de la nature sont bien intemporels. La mise en scène de Spielberg est inventive de bout en bout. Choisissant finalement la suggestion et les apparitions furtives, il donne à voir le monstre par procédés, un aileron, une ombre, la surface de l'eau troublée, un corps de squale passant rapidement devant la caméra, une lumière clignotante, un baril, afin de rendre compte du côté véritablement fantastique du film. "Jaws" est un modèle de film fantastique, le suspense est à son comble, les personnages sont épais et le "surnaturel" est un miroir pour pouvoir parler de l'Humain. GTT