Après un long séjour dans la capitale, Môn revient dans son village natal, auprès de ses parents qui vivent plutôt chichement de l'exploitation d'une petite buvette, après avoir connu dans le passé bien de la prospérité dans le commerce fluvial. Enceinte, son retour est plutôt mal perçu par son entourage, en particulier par son frère Inokichi, graveur de pierres tombales, fortement agressif et violent à son égard, au point de nous faire soupçonner quelques inconscients désirs incestueux. Devant le silence désapprobateur de son père, l'effacement maternel et la brutalité de son frangin, Môn ne peut compter que sur l'affection de sa soeur cadette San qui verra ses fiançailles avec son voisin Toichi, dont les parents possèdent une petite fabrique artisanale de nouilles, compromises à cause des sourdes médisances villageoises. Elle prendra rapidement la décision de retourner à Tokyo, pour assumer son état et sa situation et après le décès de son enfant, mort-né, choisira délibérément de se prostituer. Alors qu'au village, chacun a repris le train-train habituel de ses activités, voilà que débarque un certain Ogata, jeune étudiant timide et gauche, qui veut se faire pardonner ses affectives proximités avec Môn partie sans laisser à personne son adresse tokyote...

>>> Sans verser dans un pessimisme glacial ou dans l'amertume grinçante, force est de reconnaître que le réalisateur dresse un constat plutôt négatif de la sphère familiale et des échanges entre les individus en général, qui semblent tous prisonniers de leurs affects et de leurs représentations, incapables de partager avec autrui ou de ressentir l'autre dans sa profonde différence et sa précieuse intégrité...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)