Chef-cuisinier dans une cantine d'entreprise, le velléitaire Andy se rêve en travailleur indépendant, gestionnaire d'un snack-bar ambulant dont il vient d'acquérir la carcasse grâce à son ami Patsy, spécialiste des combines douteuses et foireuses, toujours à la limite de l'arnaque ou de la légalité. Bien sûr, il va falloir entièrement retaper ce semblant de roulotte ambulante à coups de pinceaux énergiques et de réparations multiples. Mais de toute évidence, il sait pertinemment pouvoir compter sur la présence et le dynamisme de son épouse Wendy, une femme énergique, d'un rare optimisme qui officie aussi bien comme professeure de danse improvisée avec des gamines du quartier que vendeuse occasionnelle dans une boutique de prêt-à-porter pour enfants, régissant aussi quotidiennement les fluctuations émotionnelles et relationnelles de ses jumelles, prénommées Natalie et Nicola. Alors que le première s'épanouit avec harmonie et discrétion dans un emploi de plombier, projetant même de passer ses prochaines vacances aux States, la seconde, en perpétuelle opposition avec son entourage, s'est embourbée dans une furtive anorexie chocolatée qui la rend finalement irritée et irritante en permanence, pour ses proches et son entourage. Toujours aux avant-gardes de la disponibilité bienveillante, Wendy va donner de sa présence et de son temps au démonstratif et pataud Aubrey, une relation amicale de la famille, pour le premier soir de l'ouverture de son petit bistrot à connotation française, le "Regret Rien" qui finira en eau de boudin, avec aucune clientèle de toute la soirée. Comble de déveine et d'infortune, quelques jours plus tard, Andy chute à son lieu de travail sur une cuillère égarée et s'occasionne une déplorable jambe cassée...

>>> Comédie britannique lucide et tendrement désespérée, sertie d'une lancinante ritournelle bienvenue, qui force l'admiration et le respect. En effet, malgré l'affutée description d'un milieu et de personnages en mouise et dérapages constants, le cinéaste Mike Leigh, comme à sa remarquable habitude, témoigne d'une profonde et sincère affection pour ces laissés-pour-compte de la société libérale thatchérienne...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)