Necessitas dat legem, non ipsa accipit...
Paris 1931. Lors d'un défilé de mode exhibant les nouveaux modèles du luxueux prêt-à-porter féminin de la capitale, le séduisant mannequin Nicole Picot se fait remarquer par un certain Stefan Orloff qui se présente comme le conseiller particulier de la richissime duchesse de Roux, invitant la jeune femme à une vespérale prestation privée. En fait, il n'en est rien, notre roué personnage n'ayant besoin que d'une séduisante créature pour jouer le rôle de son épouse et l'accompagner à un dîner mondain avec le couple des Cartier, notable banquier qui devrait financer les projets de notre redoutable imposteur. Effectivement, en peu de temps, Orloff se trouve à la tête d'une conséquente kyrielle de monts-de-piété, avec à ses côtés quelques hommes liges bien en place dans quelques administrations à des postes stratégiques ou décisionnels, mairie, police, finances, assemblée nationale, etc... Il n'oubliera pas de récompenser la contribution initiale de Nicole qui aura bientôt sa propre maison de couture, devenant rapidement l'incontournable coqueluche du Tout-Paris. Mais ce que notre pimpante demoiselle ignore encore, c'est que son désormais fortuné mentor est en fait un fieffé et subtil escroc qui ne se gêne nullement pour émettre de fausses obligations boursières. Mais l'intrépide et complexe machination financière a pourtant des pieds d'argile et notre puissant aigrefin, crispé par certaines suspicions et craintes dans les milieux économiques et financiers, décide de se donner un peu d'espace et de répit, en partant quelques jours, avec Nicole, dans les environs de Genève. C'est là que la demoiselle fera connaissance avec un sympathique diplomate britannique, Anthony Wayne, qui se retrouve en un rien de temps sous le charme de la séduisante créature...
>>> Adaptation romanesque de la vie tumultueuse d'Alexandre Stavisky que le réalisateur Alain Resnais avait déjà abordée et du célèbre scandale du Crédit Municipal de Bayonne provoquant par certaines pressions politiques plus ou moins occultes, le suicide de l'ingénieux "escroc" russe, qui sous la palette de Michael Curtiz, faisant fi de la réalité historique, allègrement bafouée, n'est que le prétexte à une romance mélodramatique fort somptueuse dans son décorum émotionnel et plastique. Nous sommes donc en présence d'une réalisation de qualité, parcellée de moult dialogues d'une extrême finesse verbale, avec une présence inoubliable et percutante de Claude Rains en exceptionnel arnaqueur amoral et souverain...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)
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