L'élégante Nella Vago est une cantatrice reconnue dans le milieu précieux et mondain de l'opéra, qui vient encore de connaître un certain succès pour sa prestation dans l'incontournable "Tosca" de Giacomo Puccini. On murmure pourtant qu'elle ne sera jamais une grande prima donna, bien trop froide et pas assez d'émotions dans sa voix, une bonne technique, mais aucun coeur, aucune sensibilité dans son interprétation. Un constat plutôt amer et déconcertant qui désespère même le volubile Rudig, son patient professeur de piano, mais que ne semble guère partager un séduisant inconnu qui depuis trois soirs, fait le pied de grue admiratif devant le balcon de la belle. Son évident intérêt le poussera même à suivre la demoiselle jusqu'à Budapest où elle doit se rendre pour une nouvelle prestation vocale. Peu à peu, l'austère Nella Vago se sent de plus en plus intriguée par l'élégant personnage dont on raconte qu'il serait le gigolo attitré de la marquise Bianca San Giovanni avec laquelle il partage de vastes appartements dans le même hôtel que notre cantatrice, déjà en partie séduite par l'opiniâtreté du galant individu. Et c'est avec une résolution et un culot exemplaires qu'elle s'en vient toquer à la porte du sympathique séducteur, prétextant être à la recherche de la suite de madame Jackson, l'épouse attitrée du consul américain. Commence alors une incroyable chorégraphie d'approche, de séduction et d'esquives, dans un succulent face à face, d'une délicieuse rouerie qui rappelle (un peu) les subtilités et les finesses scénaristiques d'un Ernst Lubitsch toujours inspiré...

>>> Construit sur le mode du quiproquo permanent, cette agréable comédie de Mervyn Le Roy aligne avec bonheur et maestria, outre les deux principaux acteurs, Gloria Swanson et Melvyn Douglas, toujours parfaits, quelques acteurs secondaires étonnants de justesse et de maturité, nantis d'une conséquente filmographie.
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)