Nous sommes au début des années 60, dans une famille juive d'origine tunisienne, installée depuis peu en banlieue parisienne. Il y a le père, un être falot et secondaire, travaillant fort matinalement comme simple ouvrier en usine, qui a délégué son autorité et son incompétence à son épouse Edith, femme de tête et de poigne à même de régir et de commander le foyer et ses membres, essentiellement féminins. En effet, on y croise Viviane, l'aînée, soumise et résignée, Gisèle la benjamine, insouciante et gentille, et surtout Louise, douze ans, à la forte personnalité qui ne veut s'en laisser conter. Dotée d'un solide entêtement, d'une courageuse volonté de fer et d'un individualisme débordant qui s'opposent à toute forme d'excès de l'autorité et des contraintes parentales, l'espiègle gamine va se retrouver régulièrement confrontée aux sévères et stupides diktats matriarcaux. Une confrontation souvent violente avec sa mère qui lui impose à elle et à ses soeurs une rigoureuse éducation dans le respect de leur religion, doublée d'une nette interdiction de fréquenter d'autres personnes considérées comme des "étrangers" que ce soient des camarades de classe, des voisins ou de simples quidams croisés. C'est donc avec une allégresse légère que la petite bafoue quelques préceptes essentiels du dogme judaïque, se goinfrant de choucroute et de jambon et que finalement après une énième contrainte maternelle qui lui interdit de se rendre à une fête d'anniversaire, Louise décide de prendre la poudre d'escampette...

>>> Premier long métrage de Charlotte Silvera dont on retiendra essentiellement la superbe interprétation de Myriam Stern dans le succulent rôle de la rebelle Louise, dont c'est (mystérieusement) la seule et unique apparition au cinéma. Un sans faute aussi pour la scrupuleuse reconstitution d'une époque politiquement agitée (la fin de la guerre d'Algérie) fort justement évoquée en filigrane par l'intermédiaire de la télévision. Pour le reste, on ne peut que regretter un scénario trop linéaire, par trop prévisible et d'une originalité plus que modeste voire indécelable. Pour certains, la réalisation piétine tout juste du niveau d'un banal téléfilm de début de soirée...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)