Une préventive présentation bien désuète de la menace hitlérienne, comme introduction au film, illustrée par des extraits de quelques discours et autres violentes diatribes de certains dignitaires du nazisme triomphant. Ce qui n'a pas empêché en mars 1938, la brusque invasion de la Tchécoslovaquie et l'exclusion de la sphère professionnelle de l'ensemble des membres de la communauté juive, telle Anna Kaufmann, une sympathique doctoresse exerçant dans un hôpital praguois. D'aucuns sont parvenus, par le biais de consulats, à quitter in extremis le pays, alors que d'autres, les plus nombreux, sont obligés de se plier au brutal diktat teuton, forçant les fonctionnaires à démissionner et toutes les personnes d'origine judaïque à porter une étoile jaune, avec interdiction draconienne de côtoyer certains lieux publics et d'utiliser la plupart des transports en commun. Amoureux d'elle, le docteur Antonin Bures accélère les démarches de mariage, espérant ainsi la préserver d'une fatale déportation. En effet, déjà les propres parents de la jeune femme, Oskar et Hedvika, sont envoyés au ghetto de Terezin, une sorte d'antichambre de la mort, avant un ultime départ pour les tragiques camps de concentration polonais de Treblinka, MaIdanek et Auschwitz. Pourtant, peu de temps après, c'est au tour d'Anna de rejoindre le fameux cantonnement de transit où elle va mettre en pratique ses larges et utiles connaissances médicales, pour venir en aide aux milliers de prisonniers souffrant d'inaltérable et grave malnutrition, d'une dramatique et contagieuse infection typhique et de la brutalité de leurs sadiques gardiens. D'ailleurs même à Terezin, désormais, on commence à faire construire, par la captive main-d'oeuvre locale les terribles chambres à gaz. Mais heureusement Berlin, la capitale teutonne, vient enfin de tomber sous l'efficace offensive soviétique, créant un véritable espoir...

>>> Associant judicieusement de fréquents extraits de bandes d'actualité de l'époque, choisis avec gravité et parcimonie et les éléments scénarisées d'une dramaturgie personnelle, (il faut rappeler que le réalisateur fut lui-même détenu à Terezin) ponctuée de temps à autre, par de surprenantes incrustations, dédoublant durant quelques secondes l'écran et l'action, cette oeuvre incontournable du cinéma tchèque, cristallise efficacement ce que fut l'enfer nazi et l'extermination du peuple juif...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)