Dans un modeste et traditionnel village sénégalais, un jeune couple, Mory et Anta, rêve de quitter leur contrée pour s'installer en Europe et plus spécifiquement à Paris, dans la mythique capitale française encensée par Joséphine Baker. En attendant nos deux tourtereaux vivent en marge de la société locale, passant leur temps à traîner deci delà, sur la pétaradante motocyclette du garçon, dont le guidon est flanqué de deux impressionnantes cornes de zébu. Aussi tous les moyens sont légitimes pour acquérir l'argent nécessaire au voyage, souvent des rapines infructueuses et médiocres (la mise d'un joueur de bonneteau, la recette d'une réunion publique, quelques affaires chez un riche homosexuel libidineux). C'est le fruit de leur dernier larcin (deux valises remplies de vêtements luxueux) et l'emprunt abusif d'une voiture de prestige avec son chauffeur, qui leur permettront de se faire passer pour de confortables arrivistes et d'obtenir un billet d'embarquement pour un bateau de croisière en partance. Pourtant, au moment du départ, les choses ne se passent pas comme prévues, le garçon profondément troublé par l'insistante sirène du navire qui lui rappelle le meuglement désespérant des bovins qu'on tue quotidiennement dans le vétuste abattoir de son village, refuse finalement de partir, de quitter ses origines, de renier ses racines...

>>> Une oeuvre étonnante et magnétique qui sinue avec affirmation et conviction dans un univers onirique permanent, une sorte de troublant rêve africain éveillé, qui fait fi de toute logique narrative et cartésienne, imposant avec humour et facétie, rigueur et pertinence, plusieurs niveaux de lecture et d'appréhension du propos et de la narration où l'imaginaire et le rêve prédominent avec amertume et fatalité...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)