LES LUMIERES DE LA VILLE - 1931

Titre VF LES LUMIERES DE LA VILLE
Titre VO City lights
Année de réalisation 1931
Nationalité Etats-Unis
Durée 1h27
Genre COMEDIE DRAMATIQUE
Notation 19
Date de sortie en France
Thème(s)
Boxe (Cinéma américain)
Cécité (Cinéma américain)
Voitures (Rolls-Royce) (tous pays confondus)
Réalisateur(s)
CHAPLIN Charles
Chef(s) Opérateur(s)
TOTHEROH Roland POLLOCK Gordon MARLATT Mark
Musique
CHAPLIN Charles PADILLA José SOSIN Donald SEATON Joanna
Renseignements complémentaires
Scénario : Charles Chaplin,
Harry Clive et Harry Crocker .....
Direction musicale : Alfred Newman
Distribution : Parafrance
Acteurs
CHAPLIN Charles
MYERS Harry
MANN Hank
GARCIA Al Ernest
BERGMAN Henry
AUSTIN Albert
RAND John
DONNELLY James
PARRISH Robert
HARLOW Jean
SANDFORD Tiny
CHERRILL Virginia
LEE Florence
WHEATCROFT Stanhope
BAKER Eddie
CARPENTER Jean
ALEXANDER Jack
ALEXANDER T.s.
ALEXANDER Victor
AYERS Harry
BLAIR Betty
COOPER Marie
DEMPSEY Tom
DIEGO Peter
ERLENBORN Ray
GOWMAN Milton
GRAVES Robert
HAMMOND Charles
HERMAN Ad
HERRICK Joseph
JEWELL Austin
KEELER Willie
LANE A. B.
MAC AULIFFE Eddie
OLIVER Margaret
REDMOND Granville
ROBINSON W. C.
SLOCUM Cy
STABEMAN Tony
STRONG Mark
SUTHERLAND Jack
VAN METER Joe
WAGNER Emmett
WIX Florence
Résumé

Le brave Charlot, chassé d'une confortable statue où il prenait un sommeil réparateur, rencontre dans ses vagues déambulations citadines, une petite fleuriste aveugle pour laquelle il éprouve immédiatement un tendre sentiment. Après avoir sauvé un milliardaire suicidaire, son rêve secret -permettre à la fragile vendeuse de retrouver enfin la vue- va désormais pouvoir se réaliser...

>>> Ni plus ni moins qu'un monument de l'histoire du cinéma qu'on ne se lasse jamais de voir ou de revoir. Une oeuvre incontournable qui place Charlie Chaplin, pour ce film et aussi pour quelques autres, dans le gotha des réalisateurs...

Bibliographie
- Pour Vous numéros 19, 64, 117, 119, 120, 125 et 135
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Positif numéro 350
- Synopsis numéro 2
- Revue du Cinéma numéros 100 et 258
- L'Ecran Français numéro 274
- Cinéma numéros 164, 297 et 418
- Télérama numéros 657 et 2455
Critiques (Public)
Déçus du cinéma d'aujourd'hui, on ne peut que revenir à Chaplin, encore et toujours. Et quel merveilleux film que "Les lumières de la ville", de la première séquence (le dévoilement de la statue sous la tenture, les officiels découvrent le clochard...) à la dernière image, peut-être l'une des plus belles de l'histoire du cinéma, Charlot la rose à la bouche, à la vue de l'ex-aveugle maintenant guérie et qui reconnaît en lui son bienfaiteur de naguère. Rien qu'en évoquant cette image, j'ai déjà les larmes aux yeux, c'est dire...   (ELIE ELIE)

Il y a quelque chose de profondément audacieux en la personne de Chaplin. L'homme croit en ses convictions artistiques, défend le mime et la gestuelle du muet alors que le cinéma est devenu parlant en 1927. Avec "City lights", Chaplin donne toute dimension à son art incomparable de rire de la misère du monde. La mise en scène, toujours frontale, ponctue de manière magistrale la présence d'éléments moteurs dans le cadre, avec une grâce et une efficacité inégalées. Pour le plaisir du spectateur, que retient-on : la formidable histoire d'amour impossible entre Charlot et une jeune fleuriste aveugle, qui se fait passer par mégarde pour un millionnaire, suite à une rencontre avec un vrai aux tendances sacrément suicidaires. Chaplin va donc trancher de manière aussi simple qu'évidente les deux émotions palpables de son intrigue. Toutes les séquences avec le millionnaire sont tordantes de drôlerie, d'une observation méticuleuse d'un milieu que Chaplin connaît fort bien et celles concernant la fleuriste sont d'une tendresse désarmante et qui sonnent juste, sans mièvrerie ni condescendance. Charlot décide donc, envers et contre tout (éblouissant match de boxe), de trouver le financement qui pourrait guérir la cécité de sa nouvelle Déesse ! C'est bien dans ce film magnifique que se perçoit une des plus grandes fins de l'histoire du cinéma dans le registre de la puissance émotionnelle qui se dégage. Cinématographiquement, il faut souligner l'importance des gros plans de la dernière séquence, qui renvoient un maelström fulgurant de réflexions, notamment sur la poésie, sur les préjugés, sur la générosité, sur la rédemption, sur l'injustice et sur l'amour, tellement fort qu'il en devient indéfinissable ! Chef-d'oeuvre indispensable !

Une telle histoire serait-elle encore possible de nos jours tant les critères de rencontres ont changées ? Aujourd'hui notre sympathique et lunaire vagabond des années trente serait à la dérive devant la vision quotidienne de nos clichés médiatiques modernes, ne faisant qu'embellir nos semblables jeunes et beaux le plus souvent dans des situations de réussites et de charmes savourés dans des intérieurs vastes et lumineux. Parachuté dans un contexte de crise ou tout devient insensible, indifférent et moqueur, un homme bon, insignifiant, aux habits en détresse, sans le sou, livré à la rue a-t'il une chance de conquérir sa belle protégée une fois son visage découvert ? L'opus ne le dit pas, préférant botter en touche, filmant des retrouvailles touchantes, mais ne révélant aucune parcelle de continuité entre ces deux personnalités dont l'une dans un imaginatif certainement trop débordant dépeint intérieurement un profil bienfaiteur ne correspondant pas à la réalité. Un exclu, ni riche ni beau, ne mangeant plus à sa faim, vivant au quotidien le concept de sa marginalité, ne possède que sa sensibilité pour déraciner toute une structure hors norme. Un naturel au delà de la misère ambiante dont on ne connaitra hélas jamais la récompense sentimentale. JIPI