BREAKING THE WAVES - 1996

Titre VF BREAKING THE WAVES
Titre VO Breaking the waves
Année de réalisation 1996
Nationalité Danemark / Pays-Bas / Finlande / France / Suède / Norvège
Durée 2h38
Genre COMEDIE DRAMATIQUE
Notation 18
Date de sortie en France 09/10/1996
Thème(s)
Prix "Cinéfiches" des meilleures interprétations
Cinéma danois (ORIGINE)
Dieu et / ou son complice Saint-Pierre
Pétrole
Handicapés moteurs (Cinéma danois)
Boiteux et claudication (tous pays confondus)
Réalisateur(s)
VON TRIER Lars
Chef(s) Opérateur(s)
MÜLLER Robby
Musique
Renseignements complémentaires
Scénario et dialogues : Lars von Trier
Distribution : Les Films du Losange

Visa d'exploitation : 88 696

- Prix "Cinéfiches" (Meilleure Interprétation) pour Emily Watson .....
Acteurs
WATSON Emily
SKARSGARD Stellan
BARR Jean-Marc
CARTLIDGE Katrin
RAWLINS Adrian
KIER Udo
VOE Sandra
HACKETT Jonathan
GAUP Mikkel
MAC CALL Phil
RAGAS Roef
ROBERTSON Robert
REILLY Desmond
GUDGEON Sarah
GALLACHER David
JEFFRIES Ray
DOCHERTY Bob
KAVANAGH Owen
BATESON David
CUTHBERTSON Callum
MITCHELL Gavin
SMITH Brian (3)
AGNEW Iain
KEARNEY Charles
LEACH Steven
O'DONNELL Anthony
ROMER Dorte
MAC KELLAIG Ronnie
WARK John
WELSH Finlay
Résumé

Dans un petit village isolé de la côte nord-ouest de l'Ecosse, une jeune femme naïve et primitive, prénommée Bess, convole avec un solide gaillard Jan, travaillant sur une plate-forme pétrolifère, malgré la lancinante désapprobation de la communauté villageoise. Profondément religieuse, Bess va tenter d'intercéder auprès de Dieu, son interlocuteur privilégié, afin d'obtenir la guérison de son mari, victime d'un grave accident professionnel qui l'a rendu paralysé et impotent...

>>> Une somptueuse interprétation de l'inoubliable Emily Watson !

Bibliographie
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Cinéma numéro 582
- Positif numéros 425/426 et 428
- Cahiers du Cinéma numéro 506
Critiques (Public)
Le film de Lars von Trier est, à mon sens un des plus beaux films de l'année. Peut-être est-ce le meilleur. Ce film allie force et émotion avec grâce et talent. LVT nous plonge dans un univers austère noyé dans un mysticisme qui nous fait frémir. Que l'on soit fervent catholique ou athée, on ne peut rester insensible au personnage de Bess. Son comportement est des plus déroutants. Elle est si réelle lorsqu'elle "communique" avec Dieu qu'on se surprend presque à la croire ..... Jamais histoire d'amour n'a été plus forte que celle qui unit Bess et Jan. Tous deux sont des personnages "purs", tout droit sortis d'un cadre biblique. Résumez l'histoire du film en cinq lignes: elle parait bien peu originale et n'a rien a priori de très séduisant. et pourtant, comment se fait-il que l'on ressorte de la salle avec le coeur en deux morceaux, comment se fait-il que ce film prenne autant d'importance dans nos vies et aussi rapidement ? Des acteurs prodigieux, un sens du scénario et de la réalisation extraordinaires. Il n'en faut pas plus pour en faire un chef-d'oeuvre, quoiqu'un film irracontable et presque pas analysable. Un film qui laisse tout à sentir, la victoire des sens et de l'émotion sur l'intellect pur et dur. NR


Grand prix au Festival de Cannes 1996, Breaking the waves est le nouveau film de Lars von Trier qui a déclaré avoir voulu raconter une simple histoire d’amour. Sentimental certes mais pas sentimentaliste, Breaking the waves est un film hallucinatoire sur la passion.

Certains films ont raison de nos résistances de critiques cinéphiles passés maîtres dans l’exercice de la double lecture distante et analytique. Breaking the waves est de ceux-là, nous portant, avec Bess, son héroïne pleine de grâce, à laisser libre cours à la libre émotion. Quand l’affect l’emporte sur l’intellect, quand on retrouve le regard naïf de la première fois… alors s’opère au cinéma une expérience magique, et la rencontre du spectateur avec les personnages de ce film en est une. Quand on voudrait résister, pourtant, d’emblée, lorsque le film commence, c’est à nos sens qu’il est fait appel. Notre équilibre et la clarté de notre vision sont mis à l’épreuve par des plans qui se choquent, par les mouvements désordonnés de la caméra à l’épaule, nous obligeant physiquement à nous accommoder à cet univers du chaos et à y entrer. Lars von Trier utilise ces procédés aux mêmes fins que ces plans de Bess, le regard dirigé vers nous, spectateurs lovés au fond de notre fauteuil qui pensions nous en sortir indemne quand notre compassion, au sens propre du terme, est ainsi sollicitée. Il n’est pas étonnant qu’il soit très tôt fait allusion au Christ. Et Bess est une figure christique au féminin ; bas résille et talons aiguille, elle monte son chemin de croix vers l’église qui l’a rejetée, en poussant une lourde mobylette tandis qu’elle se fait lapider. Puis, heureuse, elle sourira enfin à Dieu, ce père qui ne lui répondait plus et qui l’assure de nouveau de sa présence lorsqu’elle se rend en barques aux enfers, avant d’en revenir meurtrie, le visage blessé comme par des épines quand des marins l’ont lacéré avec leur couteau. Le miracle de cette histoire extraordinaire veut que Jan devenu un paralytique moribond à la suite d’un accident de travail, sur une plate-forme navale, se lèvera et marchera de nouveau, comme Bess l’avait annoncé. La gageure de ce film est de traiter de la foi capable de « déplacer les montagnes », de la croyance en tant qu’absolu permettant que Bess sauve son mari Jan de la mort, parce qu’elle est sure que l’amour peut tout : miracle que la croyance dans le pouvoir du cinéma nous fait espérer et exiger finalement. Si le miracle n’a pas lieu sur cet écran où peuvent se projeter tous nos désirs, où pourrait-il encore avoir lieu ? Film généreux, le spectateur est invité à entrer dans cet univers du merveilleux. Ainsi sont exploitées les possibilités qu’offre l’identification-projection du spectateur au personnage, ainsi qu’une construction toute particulière du film qui marque des pauses : des plans fixes sur des paysages, traités comme des peintures et sur lesquels se font entendre des standards des années 70, comme Suzanne de Léonard Cohen ou Child in Time de Deep Purple, nous donnent des frissons et nous rappellent qu’il n’existe pas d’émotion désincarnée. Comme des fenêtres sur le temps et la mémoire, ces plans où il ne se passe rien renvoient le spectateur à lui-même. Ainsi peuvent s’ouvrir les écluses de sa propre histoire confondue avec celle de l’humanité et ses sentiments refluer en synchronisme avec ceux qu’il ressent face à Bess. Le titre même de ce film ne renverrait-il pas alors à ces pauses dans le flot des images où l’émotion du spectateur trouve sa place en l’éveillant à sa propre bonté ? Elsa Nagel

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