Minneapolis, hiver 1987. Jerry Lundegaard, timoré et velléitaire directeur commercial d'un magasin de voitures, croulant sous de nombreuses dettes, propose à deux petits malfrats des environs, Showalter et Grimsrud, d'enlever sa femme Jean, afin de réclamer une forte rançon à son richissime beau-père, qu'ils se partageront. La délictueuse combine, tordue à souhait, dérape lamentablement lors d'un routinier contrôle de police et va se poursuivre sordidement, dans un mémorable bain de sang...
>>> Une étonnante direction d'acteurs, pour une remarquable mise en scène tranchante et glaciale comme les longs hivers du Minnesota...
Bibliographie
- Positif numéros 423, 427 et 447
- Ciné-Feuilles numéros 308, 309 et 312
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Avant-Scène numéros 454 et 456
- Télérama numéro 2434
- Cahiers du Cinéma numéros 502 et 505
- Saison Cinématographique 1996
- Cinéma numéro 580
Critiques (Public)
Si on dit du cinéma qu'il suffit d'une bonne mise en scène et d'une bonne pléiade d'acteurs pour faire un film remarquable, autant dire que pour faire une bonne bouffe, il suffit d'un grand chef et d'un bon four. que nenni ! Quand vous avez dans votre assiette des moules avariées, qu'importe alors qu'elles aient été cuisinées par Bernard Loiseau! « Fargo » n'échappe pas à cette évidence : le sujet traité prime sur la manière dont il est exploité. Or, dans « Fargo », que voyons-nous ? Une belle brochette de sous-beaufs américains s'évertuant pour la plupart à stagner calmement dans un "pays" où il ne se passe jamais rien. Qu’a-t-on besoin de nous montrer ce à quoi nous essayons d'échapper en allant au cinéma, à savoir la connerie, la bêtise humaine, ou pire encore l'inexistence intellectuelle de tout un pan de population. Où est donc passé le tremplin de l'imaginaire qu'est censé être le ciné ? Qu'advient-il de la maxime disant que le cinéma peut tout raconter sauf la banalité ? On pourra rétorquer que les frères Coen ont fait un film aux antipodes de la banalité car ils ont choisi d'illustrer un fait divers. Mais un fait divers, aussi horrible soit-il, n'est il pas le reflet de ce que la société produit quotidiennement ? En tous cas, il est inutile de faire tout un foin de ce Coen, les Coen qui ont eu tout de même, il faut le reconnaitre, le culot de faire en sorte que nous nous intéressions aux vulgaires morpions d'un quelconque trou du cul d'Amérique.
On nous dit que « Fargo » est une comédie décapante. A la fin du film, on n'a jamais vraiment ri et on ne sait pas vraiment où on a voulu nous amener. Quel était vraiment le but de tout cela ? On ne peut nier une esthétique et un mouvement de caméra brillant, mais cette banale histoire avec ces "ploucs légers" n'a rien de passionnant, de vraiment neuf. Reste à la fin la nostalgie de ce qui aurait pu être .....
Vous avouerez qu'ils ont usé de gros moyens pour pas grand chose.
Mais ce n'est pas l'avis de tout le monde, à en juger la note de et les critiques dithyrambiques que l'on peut lire un peu partout. Mais bon, tout le monde ne peut pas rester insensible aux courants de mode qui traversent à coups de prix de la mise en scène l'intelligentsia cinéphile !SH
Ndlr : Cher S(téphane) H(aegeli).
Nous avons pris l'habitude, venant de
votre part, de bien plus de rigueur et
de pertinence, dans vos propos.
Nous dirons plutôt que vous êtes de
mauvaise foi, faisant un mauvais procès
(intelligentsia) à qui vous pensez.
Pourquoi être si dur avec ce film ? Personnellement, je me suis bien amusé. Pour moi, ce film est un chef- d'oeuvre. Ce n'est pas le meilleur des Coen brother, mais il fallait oser quand même porter en dérision un fait divers aussi sordide...DENIS
18/20 : Tous caricaturés autant qu'ils en sont : le temps passe vite pour peu qu'on adhère à l'humour sous-jacent, parfois lent à se faire comprendre, parce que ça cogne dur, et saignant. D'accélérations en fausses-pistes, on essuie donc quelques chocs dont l'écho se prolonge dans les tympans... Si les hommes affichent des expressions révélatrices de leurs impasses, honneur aux dames ici, particulièrement croustillantes, accent et mines rappelant Betty Boop... Cette femme-flic flanquée d'un mari la couvant elle et son oeuf (épouse du réalisateur à la ville !) vient subrepticement troubler le business des lascars englués dans leur complexe projet. Le froid, constant, ajoute au cauchemar... Lancinant et tout à coup haletant, toujours avec un relent d'hilarité, le téléphone sous la porte, le rideau de douche, ce coup de pelle, "l'opération broyeur". Et le clou, cette gendarmette dans le vacarme, pistolet dans une main, de l'autre désignant son képi... Les frères Coen évitent l'imposture par le contraste du "cocooning" en contrepoint de ces frasques à la limite de l'hallucination parfois, ce qui fait qu'on réchappe de ce plongeon dans le banditisme nord-américain bien plus médusé que meurtri. A voir et revoir quelle que soit l'humeur, rien que pour l'art et la manière !L.Ventriloque
Les faits sont pathétiques, pas inintéressants mais c'est surtout la façon dont les personnages sont incarnés qui frappe. Ils sont tellement outrageusement niais ; et que cette connerie est sanglante ! C'est très questionnant. Par exemple il y a un tel décalage entre la lourdeur, la "beauferie" de Marge et sa rigueur, son brio d'enquêtrice ; entre le vide intellectuel de Gaear (le kidnappeur blond) et sa redoutable efficacité meurtrière. Comme si la "fonction sociale" surpassait les individus en tant que tels ... Je ne sais pas trop quoi en penser.
La valise de la rançon est la même que celle de NO COUNTRY FOR OLD MEN et dans les 2 cas elles ont le même destin (perdues dans la nature à priori ou oubliée par le film pour mieux souligner la vacuité de la motivation criminelle qu'elles ont engendrée).