1935 : L'homme de lettres norvégien Knut Hamsun, une sommité de la littérature mondiale, fort justement consacré par un prix Nobel (1920) vient à nouveau d'avoir une cinglante dispute avec son épouse Marie, une ancienne comédienne, écrivaine de livres pour enfants, qui lui reproche amèrement d'avoir phagocyté son inspiration et asphyxié son existence par sa rigidité relationnelle et sa magnifique superbe, un rien hautain...

1936 : Dans le pays, une régulière propagande du parti nationaliste pour les arrogantes thèses allemandes devient de plus en plus répandue, accréditée par une partie de la population. L'écrivain cautionne ouvertement certaines discutables orientations de la politique internationale nazie, bien plus par opposition féroce et haineuse à l'Angleterre, à son impérialisme déferlant et son industrialisme outrancier que pour des affinités idéologiques au hitlérisme, même s'il voue à son représentant une solide admiration...

1939 : A Berlin, accueilli avec admiration et enthousiasme, on lui décerne le renommé Prix des Libraires Allemands. A Norholm, sa fille Ellinor lui fait grief de son manque d'amour et de ses lourdes et fréquentes distances affectives...

07/04/1940 : Les Anglais viennent de miner le fjord de Grimstad et la capitale, Oslo, est investit par les armées allemandes. Pendant que Hamsun publie des articles dans un journal national demandant à ses compatriotes de ne pas écouter les fallacieuses sirènes britanniques et d'aider les Allemands, Marie, son épouse, prend totalement faits et causes pour les ors et les idées du nazisme...

1942 : Alors qu'un de ses fils vient d'incorporer les Waffen SS, certaines personnes lui demandent d'intercéder auprès de Josef Terboven, le commissaire du Troisième Reich en Norvège, pour obtenir la grâce de quelques jeunes du pays, emprisonnés au sinistre camp de Grini, qui sont condamnés à être fusillés. Sans résultat. En Allemagne, où il se rend sur invitation d'Hitler, son virulent ressentiment pour l'Angleterre est un succès, mais son plaidoyer pour une Norvège libre, et non pas un protectorat teuton, provoque la colère du Führer qui ne veut plus entendre parler de lui...

Avril 1945 : La défaite allemande est définitivement consommée. Son épouse est arrêtée et condamnée à trois ans d'emprisonnement et Knut Hamsun, lui, est interné dans une discrète maison de repos à Larvik par les autorités norvégiennes qui veulent éviter un procès public, prétextant une éventuelle sénilité, tout en escomptant un prochain décès au vu de son grand âge. On décide donc de lui faire passer un long et lourd examen mental, sans pouvoir finalement à nouveau différer sa mise en accusation, qu'il réclame à corps et à cris. En fin de compte, l'écrivain est condamné à une lourde amende de quatre cents vingt-cinq milles couronnes norvégiennes pour ses errements idéologiques et on lui refusera de son vivant la publication de son excellent et dernier roman : "Sur les sentiers où l'herbe repousse"...

>>> De ce séduisant film-fleuve de presque trois heures, nous retiendrons avant tout l'étonnante et formidable interprétation de Max von Sydow, incarnant avec un immense talent et une puissante maestria, l'incontournable et fougueux écrivain norvégien, dont les paradoxales prises de position politiques firent scandale, bien au-delà des restreintes sphères littéraires et nordiques. A mettre aussi au crédit de l'oeuvre, un scrupuleux respect de la vérité historique et chronologique...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)