C'est dans un vaste hall de gare que Tristan, jeune artiste peintre et dessinateur, fait la connaissance de la belle Anabella, toute habillée de noir et de silence, ceinte d'une grande tristesse. Une envoutante rencontre interrompue par une alerte aérienne (nous sommes durant la dramatique période de la Seconde Guerre Mondiale, à Bratislava) qui précipite les gens dans un profond abri souterrain. Ce sera dans une sorte d'habitacle secret qu'il va la revoir brièvement, attaquée par une monstrueuse créature aux pattes griffues. Puis c'est autour du sculpteur Havran de faire sa rencontre, dans un cimetière et qui va lui proposer de mouler son masque mortuaire qu'il enverra à tous ceux qui l'auront fait souffrir dans son existence. D'autres artistes de la mouvance de Tristan vont ainsi croiser le destin de l'énigmatique et hiératique demoiselle à la recherche de sa vaporeuse identité, à chaque fois subjugués par sa beauté et son mystère, l'invitant à suivre et à susciter leurs élans artistiques, mais aussi partager leurs sentiments, dans un obsessionnel et chaleureux délire d'idéalisation extrême...

>>> Adaptation d'un roman écrit par l'un des représentants majeurs de la littérature slovaque moderne, cette représentation surréaliste de l'incidence féminine sur la créativité artistique, dénonce aussi une constante oppression et une quotidienneté civile et politique étouffante, profondément liberticide, avec dans les faits, un pouvoir politique mortifère, bafouant sans cesse le statut de l'artiste et de son intrinsèque originalité. Selon chacun, on peut être subjugué par la constante folie débridée des personnages et des situations ou bien se sentir indifférent voire ennuyé par cette avalanche d'événements incongrus et fantasmés...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)