Jeune facteur dans un discret village slovaque, le lunaire et turbulent Jakub, qui affectionne les tourterelles et les tours de magie, se sent bien de silencieuses attirances pour la délicieuse Jolanka, espiègle petite gitane vivant dans un mitoyen clan tzigane qui cohabite vaille que vaille avec le reste de la population locale, dans une inimitié et une méfiance réciproques. Cette tendre complicité qui s'ébauche ouvertement, est donc forcément mal vue par les deux communautés, chacune ayant de péremptoires raisons pour s'opposer à leurs esquisses de proximité. Seul l'oncle Anton, ancien maître-tailleur à la retraite, ne témoigne aucune velléité d'opposition à cette amoureuse amitié qui cherche ses assises et ses repères. Mais c'est au traditionnel bal saisonnier que les envies et les rancoeurs de chacun vont se cristalliser sur le jeune couple et provoquer quelques réactions de violence et le placement de la demoiselle, en ville, dans une lointaine école de couture. Jakub va alors tout faire pour la rejoindre, allant jusqu'à dérober de l'argent dans un train...
>>> Dans un mouvant centre de gravité, se déplaçant sans cesse entre légèreté et gravité, intransigeante réalité et rêveries volatiles, cette oeuvre romanesque et bucolique de Dusan Hanak respire à pleines séquences un bonheur aérien et fragile, admirablement rendu par de discrètes touches visuelles et sonores, mettant en scène et en délicatesse quelques bribes d'existence fugaces et lumineuses. Dommage que la seconde partie, se déroulant en ville, plus décousue, moins construite, s'étiole entre imaginaire et quotidienneté, comme si le film s'était épuisé dans une tendresse vaine...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)
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