C'est en tant que simple chauffeur de taxi que le réalisateur Jafar Panahi sillonne les rues de la capitale iranienne, avec un véhicule muni d'un discret système de filmage, enregistrant ses passagers et leurs éventuelles confidences. Les deux premiers clients qui ne se connaissent pas, échangent âprement sur la peine de mort (courante dans le pays) sur sa patente inutilité ou son efficacité dissuasive selon le point de vue de chacun. Nouveau passager, un quidam, vendeur de dvds à la sauvette, qui reconnait le metteur en scène et qui se prévaudra de cette rencontre. Puis, plutôt dramatique, un homme blessé dans un accident avec son épouse qui veut faire son testament via le téléphone portable du réalisateur afin que sa compagne ne soit pas déshéritée. Clientes suivantes, deux femmes fort superstitieuses qui doivent ramener avant midi dans une douve, deux poissons rouges, pour ne pas mourir (!). Et c'est au tour de la petite Hana, la propre nièce du cinéaste de monter dans le véhicule qui est censée tourner un petit film pour son école, avant que notre conducteur retrouve un ancien voisin empêtré dans un complexe problème relationnel et pour dernière cliente, une ancienne connaissance, avocate de métier, plutôt brimée dans ses activités militantes. C'est en quittant le véhicule pour rendre un portefeuille oublié par les deux "poissonnières" que Panahi se fait dérober son film en tournage (mais pas sa carte mémoire) par deux sbires du pouvoir qui suivaient, en moto, la voiture depuis quelques temps...

>>> D'une indéniable fraîcheur et d'une évidente justesse de ton et de propos qui n'empêchent pas de se poser l'importante et lancinante question sur la véracité de l'ensemble, entre mise en scène construite et documentaire sur le vif, degré de scénarisation de certaines séquences et possible roublardise du tournage...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)