Dans ce sixième et dernier volet d'une grande enquête consacrée à la "prostitution à visage découvert", Jean-Michel Carré filme au grand jour, quelques clients qui ont bien voulu témoigner en donnant la motivation ou la justification de leurs accointances avec le sexe tarifé. Alors que pour l'un, la raison primordiale se situe dans une grande timidité par rapport aux femmes, une sorte de profond complexe intime, un réel manque d'assurance concomitant à une grave peur de l'échec provoquant une cuisante paralysie en face du sexe opposé, pour plusieurs autres quidams, c'est la relative facilité de ces relations, en fonction de leurs désirs, qu'ils invoquent, surtout si la brièveté du contact charnel se résume à une simple et subreptice fellation. Pour un autre encore, le fatal émoussement des relations physiques dans un couple "ordinaire" et la terrifiant routine de l'amour conjugal, les méfaits des incontournables habitudes quotidiennes, engagent fortement à cotoyer les péripatéticiennes avec lesquelles ce risque "d'encrassement" n'existe pas. Ni d'ailleurs, soulevé par un autre, la nécessaire obligation de faire un effort comportemental, de plaire à l'élément féminin qu'on désire, attitude séductrice dont on est dispensé en achetant et payant une prestation sexuelle. Une autre raison invoquée du commerce soutenu ou sporadique "des filles de joie" est souvent la conséquence du refus de nombreuses femmes et compagnes de certaines pratiques "dérangées" ou dérangeantes de l'homme...

>>> On peut savoir gré au réalisateur d'avoir abordé, avec intelligence et respect, l'hétérogène problématique de la prostitution, sous toutes ses moult facettes, souvent dramatiques et quelquefois sordides, et pas seulement sous l'angle classique de la prostituée, mais aussi en corrélation avec la pléthorique clientèle masculine, en permanente recherche de ces rapports payants et codifiés...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)