Une quête haletante jusqu'aux limites de la folie et dont une malheureuse poupée de chiffon semble être la seule lueur dans les ténèbres entourant l'héroïne. Une pure merveille dont il est difficile de ne pas comparer aux meilleurs oeuvres du maître Hitchcock pour le caractère stylisé et inquiétant d'une atmosphère inimitable, notamment le final éblouissant dans le jardin. Bref à ne pas rater, mais attention, film rare..
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Carol Lynley trouve le rôle de sa vie en jeune mère psychopathe .....
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Le film réalisé par Otto Preminger est une réussite parce que tourné en Angleterre, il surfe sur la vague anglo-américaine (terreur alliée à la psychologie).
Carol Lynley (pressentie pour "Bonnie and Clyde")a trouvé son meilleur rôle, de même que Keir Dullea (après le remarqué "David et Lisa").
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Une balançoire en mouvement dans un jardin représente le seul impact d'une présence. Bunny Lake, quatre ans, disparaît lors de son premier jour de maternelle, le personnel n'ayant aucune physionomie d'ensemble, ne garde aucun souvenir de cette petite fille.
Ann Lake surprend par un comportement distant devant un tel drame, ses quelques larmes tardives renforcent un doute logistique, gravitant autour d'une enfant introuvable. Pas de photos, aucune déclaration administrative, l'étau policier se resserre sur la psychologie de la mère.
Newhouse, inspecteur pas très motivé par cette enquête, se soulage en ingurgitant des desserts d'enfants, Stephen Lake allié "inconditionnel" se débat afin de maintenir les sens de sa sœur hors de la folie.
La progression s'aimante doucement vers l'impensable. La vérité se dévoile soudainement dans une poupée en flammes.
Dernière œuvre marquante d'Otto Preminger, "Bunny Lake a disparu" est une excellente montée chromatique vers une conclusion fantomatique démente, un final de quinze minutes à couper le souffle où Ann "Mère courage" démontre un sang froid hors du commun afin d'empêcher la pire des choses.
Otto Preminger dans une fin de carrière au top, offre un film captivant par une noirceur pas forcément nouvelle, mais réactualisée. Une scène symbolique démontre une certaine passation de pouvoir assimilée par un cinéaste, entamant dans la sérénité sa dernière décennie sur la terre.
Newhouse (que l'on peut comparer dans ce passage à Otto Preminger) regarde dans un pub un programme télévisé et semble amusé devant les gesticulations d'un groupe pop des années 60 "les Zombies".
Des cheveux grisonnants côtoient une nouvelle énergie à la chevelure abondante. Tout cela semble démontrer l'éclosion d'une nervosité cinématographique auquel Otto Preminger participe, en offrant en bout de course, ce film neuf, premier d'une longue série où il ne sera que spectateur, mais initiateur du concept.
Ce vieux renard des pellicules se fait plaisir en marchant aux cotés de ce qui va lui survivre, un cinéma noir et réaliste qu'il connaît bien, l'atmosphère est angoissante, brumeuse les rebondissements bien souvent offerts par des femmes à plusieurs facettes.
Ann fait penser, dans un premier temps, à Jean Simmons, belle brune déséquilibrée, dans "Un si doux visage", c'est dangereux dans un contexte de disparition d'enfant.
La trajectoire négative de départ est majestueusement corrigée pour laisser place à une volonté de récupération.
Un cinéaste adorateur de gestes et d'attitudes, évoluant au cours d'un récit, tire sa révérence dans la plus belle des sorties.
JIPI
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