A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, alors que le pays vient d'être libéré du joug nazi, un puissant et populaire élan révolutionnaire se met en place, sous l'injonction du maréchal Tito, emprunt de l'idéologie marxiste, mais sans allégeance à l'Union Soviétique. Comme des milliers d'autres jeunes, le lycéen Ive Medanic, âgé de dix-neuf ans, surnommé par ses camarades "Corneille" pour son don particulier à imiter les mouettes, est désormais membre de la Ligue des Jeunes Communistes Révolutionnaires (SKOJ) et même de l'OZNA, un service de police secrète qui tente, à la veille des élections, de maintenir un certain ordre dans le pays. Surtout que l'éveil de la population rurale aux idéaux réformateurs ne va pas de soi, alors même qu'un groupuscule armé de droite, dirigé par le commandant Marko, sème la pagaille et la mort lors de violentes et fugaces incursions armées. Mais à y regarder de plus près, ces fameuses réformes collectivistes qu'on veut transmettre au peuple, lors des fêtes populaires, des marchés locaux et des réunions politiques sont finalement entachées par de sordides exactions et d'expéditifs procès contre les prétendus bénéficiaires de l'ancien régime, menant inévitablement à des expropriations, des confiscations, des dénonciations, souvent arbitraires et même quelques exécutions sommaires où finalement le profit individualiste reste toujours vivace et motive sournoisement bien des comportements. Ainsi la traque opérée pour capturer Marko et ses tchetniks, ne servira qu'à positionner le pouvoir d'un apparatchik, en mystifiant la mort du rebelle, décédé depuis des heures de maladie, dont on criblera le corps d'une salve de kalachnikov pour accréditer une violente résistance. Alors que notre jeune homme écoeuré par tant d'hypocrisie et de manigances erre dans la campagne, il est abattu par un groupe de paysans qui le prennent pour un fasciste de la bande de Marko. Et pendant ce temps, en ville, la commémoration d'une ère nouvelle bat son plein et le défilé traditionnel s'ébranle, avec ses flonflons, ses danseuses et ses duplicités...

>>> Une oeuvre d'une profonde noirceur existentielle et d'un radical pessimisme ambiant, teintée d'amertume et de fatalisme, qui constate avec impassibilité et dérision les éternels médiocrités de la nature humaine et la terrible faillite de toute idéologie, gangrenée par la cupidité, la rancoeur et la bêtise, invariablement...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)