1° Mozambique. Un jour, José, le boulanger, dont le four est situé dans un théâtre, est tiré de ses occupations habituelles par deux coups de feu. Il se rend sur la scène toute proche et y découvre le corps de Nelio. Il lui bande le torse et le conduit sur le toit de l'édifice, où le gamin lui raconte son histoire. Une nuit, son village a été mis à sac et incendié par des guérilleros. Avec quelques survivants, il est conduit vers un camp d'entraînement mais il réussit à s'échapper, en blessant un des soldats qui les escortent, et à gagner la ville. Là, un certain Castigo le force à mendier pour lui. Il s'enfuit à nouveau et rejoint quatre autres gamins (Bomba, Mandioca, Tristeza et Nascimento) qui survivent en vendant divers objets volés. Retrouvant Nelio, Castigo le prend en chasse et se fait mortellement heurter par un camion. Les gens pensent alors que le gamin a des pouvoirs secrets et le sollicitent pour venir en aide aux membres de leur famille malades. Nelio noue connaissance avec José qui lui montre comment on fait le pain et lui explique ce qu'est le théâtre : un cinéma sans machine. Bomba souffre de plus en plus du foie. Le médecin consulté déclare la maladie incurable. Bomba étant à la recherche de l'île merveilleuse où il pourrait retrouver sa mère, ses camarades le conduisent au théâtre et utilisent les décors pour lui faire croire qu'il a atteint son but. Son ami mort, Nelio range les accessoires quand le soldat qu'il a précédemment blessé surgit et l'abat de deux coups de pistolet. Retour au présent, où, avant de mourir, Nelio glisse quelques mots à l'oreille du boulanger. Celui-ci répond qu'il ne peut pas faire cela. Pourtant, une fois le gamin mort, il prend son corps et le fait disparaître dans son four. Plus tard, il ressort pour distribuer ses croissants à la foule qui s'est amassée devant le théâtre.

2° Le film de Solveig Nordlund commence de manière assez insoutenable : Nelio abattu par balles sur la scène, village détruit, gens massacrés, enfants brutalisés… Le tout culminant dans le meurtre d'un bébé jeté dans une grande jarre et écrasé avec un pilon. Il faut malheureusement bien dire que tout cela n'est que trop réel et que le romancier suédois Henning Mankell, dont le Mozambique est la seconde patrie, en parle en connaissance de cause. Un autre des ses romans, celui-là traduit en français, Le secret du feu, en est le vivant témoignage. On ne peut pas non plus dire que l'existence des enfants est meilleure à la ville qu'à la campagne. Ici, la ville semble littéralement les aspirer pour mieux les étouffer dans ses tentacules, et des bandes de gamins miséreux, malades, abandonnés par leurs familles, vivent de rapines diverses et d'expédients. Pourtant, il ne se dégage pas de Comedia infantil le sombre pessimisme que l'on pourrait attendre. La courte existence de Nelio est certes tragique mais le gamin semble avoir en lui une force qui lui fait minimiser les pires épreuves auxquelles il est confronté. Le réalisme du film est sans cesse contrebalancé par des éléments irrationnels (la femme lézard, les pouvoirs de Nelio), improbables, mais qui se greffent comme naturellement sur le reste du récit. Cela donne incontestablement à l'œuvre de Solveig Nordlund un ton très particulier, entre symbolisme occidental et magie africaine.

3° Comédia infantil (Comédia infantil) ; Production : Torromfilm, Prole Filme Lda, Avenida Produgoes, Svenska Filminstituuet, Instituto Portugues da Arte Cinematografica e Audiovisual, Radiotelevisao Portuguesa EP, Film i Väst, Canal+ ; Réal. : Solveig Nordlund ; Scénario : Tommy Karlmark, d'après le roman de Henning Mankell (1995) ; Photo : Lisa Hagstrand ; Musique : Johan Zachrisson ; Montage : Nelly Quettier ; Décor : Peter Bävman ; Producteurs : Solveig Nordlund & Henrique Espírito Santo ; Son : Tommy Ottebjer & Gabriel Mondiane ; Photo. plateau : Staffan Gustavsson ; Costumes : Mercedes De Bruyn ; Conseiller : Bengt Forslund ; Interprétation : Sérgios Titos (Nelio), Jaime Júlio (Bomba), Francisco Chilenque (Nascimento), Avelino Manhica (Mandioca), André Ruco (Tristeza), Joao Manja (José, le boulanger), Lucrecia Paco (Maria), Adelino Branquinho (Castigo), Lilia Momplé (Esmeralda) ; Durée : 95 mn ; Sortie au Suède : 25 septembre 1998 ; Sortie en France : 09 février 2000.