1° Jontti Putkonen vit dans un quartier populaire avec ses parents. Bientôt il a une petite sœur, Vieno Camen - car son père rêve d'aller en vacances en Espagne -, dont il doit parfois s'occuper. Il préfère pourtant nettement traîner dans les rues avec son ami Länki ou aller au cinéma avec la petite Lönnquist. C'est là qu'il aperçoit pour la première fois son père avec Inkeri, la vendeuse du magasin d'appareils radio. Jontti et Länki commettent ici et là de petits larcins pour que leur ami Pikkis puisse, en revendant les objets volés, avoir de quoi réparer sa moto. Chassés de la cave où ils cachaient l'engin, ils s'établissent dans une carcasse de bateau échouée sur la grève et déjà occupée par un clochard bourru, avec lequel ils finissent par sympathiser. Un jour, Länki ne s'éloigne pas suffisamment vite et saute sur le bâton de dynamite avec lequel il jouait. Il doit être amputé d'une jambe. Jontti fait une fugue, en se glissant dans le camion du coiffeur ambulant Lätti. Länki cherche à embarquer sur un navire turc, avec les papiers que lui a fait le clochard, mais le capitaine lui dit de revenir dans cinq ans. Furieux, le jeune homme rejoint et menace d'un revolver le clochard. Celui-ci désarme Länki et jette l'arme vers la mer. Elle tombe entre des arbres en flottage. Länki se précipite pour la récupérer, plonge entre deux troncs qui se replacent alors l'un contre l'autre et l'empêchent de refaire surface. Jontti poursuit sa cavale et erre un peu partout avant d'être retrouvé.

2° On pourrait qualifier le film de Matti Ijäs de chronique douce amère qui, si elle ne brille pas par son originalité, ménage toutefois quelques bons moments, faisant alterner rires et pleurs. Comme dans la vie, quoi. On n'échappe pourtant pas malheureusement à des personnages un peu trop typés, à la limite de la caricature, à l'image du père de Jontti (ses maladresses, ses escapades amoureuses), de l'instituteur victime des farces des élèves ou du coiffeur aux manières un peu affectées. A leur égard, le rire du spectateur est quand même un peu facile. Plus surprenants sont des épisodes comme l'arrivée à l'école de Bothulin Badu, "premier véritable nègre à arriver sous ces latitudes" ou la noyade de Länki, remarquablement et sobrement mise en scène, qui apporte une touche dramatique au film. Les réactions du jeune Jontti sont assez bien notées, quelles concernent sa gêne devant le comportement de son père toujours en situation de se ridiculiser aux yeux de tous ou encore vis-à-vis de sa petite amie issue d'un milieu plus favorisé (elle est musicienne et la maison où elle vit n'a rien à voir avec l'appartement des parents du garçon). Entre l'affiche aperçue du Lola de Jacques Demy et la projection de La colombe écarlate de Matti Kassila, qui semble bien ennuyer notre jeune héros, Entre deux monde nous propose une plon-gée souvent humoristique mais quand même un tantinet nostalgique dans des années 60 qui paraissent tout à coup bien lointaines !

3° Entre deux mondes. ((Sokkotanssi) ; Production : Dada-filmi Oy ; Scénario : Matti Ijäs ; Photo : Kari Sohlberg ; Musique : Eero Ojanen ; Montage : Jukka Nykänen ; Décor : Pertti Hilkamo ; Producteur : Kari Sara ; Son : Heikki Innanen & Jari Innanen ; Interprétation : Walter Gröhn (Jontti), Mikko Vanhala (Länki), Martti Suosalo (le père de Jontti), Johanna Kerttula (la mère de Jontti), Pirkka-Pekka Petelius (Ilmari Lätti), Vesa-Matti Loiri (Boulabaes-Himanen), Sulevi Peltola (l'instituteur), Turo Rannema (Pikkis), Anna Asikainen (Eija), Hanna Hakkarainen (Inkeri), Pentti Halonen, Jorma Holopainen ; Durée : 85 mn ; Sortie en Finlande : 12 mars 1999