AFRIQUE 50 - 1950

Titre VF AFRIQUE 50
Titre VO
Année de réalisation 1950
Nationalité France
Durée 0h20
Genre DOCUMENTAIRE
Notation 18
Date de sortie en France
Thème(s)
Racisme (Cinéma français)
Cinéma colonial
Courts métrages (Cinéma français)
Documentaires (Cinéma français)
Censure (Cinéma français)
Réalisateur(s)
VAUTIER René
Chef(s) Opérateur(s)
VAUTIER René
Musique
FODEBA Keita
Renseignements complémentaires
Scénario, son et montage : René Vautier
Acteurs
Résumé

Film de commande tourné en 1949 et 1950 pour la Ligue de l'Enseignement par René Vautier qui met sur sa pellicule ce qu'il voit en Côte d'Ivoire, en Haute-Volta (devenue le Burkina Faso) au Sénégal et au Soudan Français (devenu le Mali) et non pas "la vie réelle dans les villages d'Afrique occidentale française telle que la conçoit le gouverneur de ces vastes territoires colonisés. Les seuls Blancs visibles dans les villages sont, soit l'Administrateur qui vient prendre l'argent pour les impôts, soit le Recruteur qui vient prendre les hommes pour les enrôler dans l'armée française. Le pittoresque de ces villages, véritables images d'Epinal, cache en fait une grande et permanente misère. Le fleuve Niger est à la fois lavoir, baignoire et réservoir d'eau pour la boisson. Consciencieux aperçu des tâches quotidiennes et traditionnelles : pilage du mil, tissage du sisal chez le cordier, les pêcheurs, entre deux sorties, maillent leurs filets; travail du coton chez le tisserand et le tailleur, la fabrication d'une pirogue par des bateliers. Pendant ce temps là, Monsieur l'Administrateur, dans une confortable maison de pierre, fait la sieste. Derrière ces images bucoliques, une autre réalité, avec comme point de départ, l'absence d'école et de médecin. Et, lorsqu'un chef de village ne peut payer un simple reliquat d'impôts, on envoie les troupes qui n'hésite pas à tirer, à tuer. Cases brûlées, habitants massacrés, bétail abattu, on est loin des illustrations habituelles de la colonisation. Ici comme partout, c'est le règne des vautours, et les vautours ont un nom : "Société Commerciale de l'Est Africain" "Compagnie Française de l'Afrique Occidentale" "L'Africaine Française" "Compagnie Française de la Côte d'Ivoire". Pour l'ouverture des vannes du barrage de Markakka, la sueur des Noirs à cinquante francs par jour revient moins cher que l'installation et l'entretien d'une turbine. Pas besoin de rouleau compresseur pour faire les routes, les Noirs sont bien plus rentables. Dans les champs de mil, dans les champs de coton, dans les champs d'arachide, les femmes noires, les enfants noirs travaillent. Le revenu de Lesieur et de quelques autres groupes industriels monte en flèche. Perfectionner l'équipement, à quoi bon ? Une machine ferait le travail de vingt Noirs ? Bien sûr. Mais vingt Noirs à cinquante francs par jour reviennent moins chers qu'une machine. Alors usons le Noir. Quand les Noirs peinent sous le soleil d'Afrique, c'est toujours pour garnir le coffre-fort des grosses compagnies coloniales. Une péniche qui s'est échouée sur un banc de sable, pas besoin de remorqueur, les nègres sont moins chers que le mazout...

>>> Violente diatribe contre l'obscène mainmise française sur les richesses africaines dans ce qui reste le premier film anticolonialiste hexagonal, mutilé par la censure après la saisie de la pellicule dont il ne subsiste qu'une petite partie, remontée en 1989 par René Vautier donnant lieu à cet édifiant court métrage dénonciateur...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)

Bibliographie
Critiques (Public)