"From Hell" c’est tout d’abord la nécessité d'arroser par la résurrection d’une sensibilité presque consumée, un territoire violent, irrespectueux annonçant le contenu d’un vingtième siècle sanguinaire, par une série de crimes au-delà de toutes définitions.
Le millésime 1888 londonien est au dessous de tout. Crasseux, puant, oppressant, mal famé. Le danger est au mètre carré. La prostituée terrorisée par le proxénète crève de faim, dans une vie courte dépecée, subitement à l’arme blanche par un illuminé insaisissable, dont les méfaits sont intuitionnés à l’aide de l’absinthe, par un enquêteur tourmenté.
Quelques êtres à la dérive tentent de s’extraire de ce bouillon destructif en remettant sur pied quelques notions de bontés mêlées à une lucidité instinctive, permettant de vibrer par quelques projets, tout en entretenant l’espoir de voir le soleil se lever le lendemain.
Débarrassé de son hyper violence, cet opéra gothique est un film sensible, attachant dont les quelques pépites émotionnelles paraissent irréelles dans un tel bourbier.
Avoir la force d’offrir la douceur d’un regard parait surréaliste dans un contexte où les coups pleuvent en continus. La perfide Albion est au fond du trou, carbonisée par le mépris de ses dirigeants, la noirceur de ses beuglants et la folie de ses criminels.
Johnny Depp se révèle émouvant entre dépendances et courages.
Distribuant paroles réconfortantes et gestes tendres, dans une faiblesse maîtrisée par le réalisme de son métier, il ramène du fond de l’enfer une flamme vacillante presque éteinte vers les sentiments.
L’entretien d’un avenir familial au bord de l’océan refait surface pendant qu’un fou furieux étripe à tour de bras une faune avinée, édentée appâtée au raisin dans une ville sordide, sans cœur privée de caresses.
JIPI
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