Sans aucune fibre paternelle, volage, dépensier et d'une notoire irresponsabilité familiale et professionnelle, le dénommé Royal Tenenbaum, censément avocat new-yorkais, n'a rien connu de l'effervescente jeunesse de ses deux fils, Chas et Richie, qui, vers l'âge de dix ans sont devenus pour le premier, un as de la finance et pour le second un champion de tennis, sans oublier Margot, la fille adoptive, brillante dramaturge saluée par tous les critiques littéraires. Vingt-deux années plus tard, Royal dans la dèche complète, apprenant les proximités affectives de son épouse Etheline avec son comptable noir, se propose de refaire connaissance avec sa famille et sa moitié, prétextant un cancer irrémissible et quelques semaines de survie à peine, pour revenir chez ses proches. Plus rien ne subsiste de la gloire passée des enfants qui, désormais adultes, pataugent dans un incroyable marasme affectif : Margot, la fille adoptive, mariée à un affable psychiatre, se languit désormais de Richie qui à cause de ces douloureuses réciprocités affectives, un peu incestueuses, essaye d'oublier sa sœur sur son yacht en perpétuelle croisière et finira même par s'octroyer une tentative de suicide en apprenant que cette dernière a une liaison avec Eli Cash, un voisin, de toujours, alors que Chas dont l'épouse est décédée dans un accident d'avion, surprotège maladivement ses deux enfants. Dans cette incroyable tambouille émotionnelle, les retrouvailles de Royal semblent bien compromises...
>>> Subjugué par la détonante stature de l'inventif et succulent matamore Tenenbaum senior, interprété par Gene Hackman, éblouissant d'évidence et de rouerie, l'ensemble des compositions des principaux personnages s'énoncent et s'affirment comme succulentes, énormes et hautement jubilatoires, dans un défilement de scènes cocasses, subtiles et sous-jacents d'une diffuse et dépressive amertume existentielle...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)
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