Scénario : Steven Spielberg
d'après un sujet d'Ian Watson .....
adapté de la nouvelle de Brian Aldiss : "Des jouets pour l'été" .....
Distribution : Warner Bros
Visa d'exploitation : 103 365
Nota : pour Lily Knight, Jack Angel, Robin Williams, Ben Kingsley,
Meryl Streep, Chris Rock, Erik Bauersfeld, uniquement la voix .....
Dans un monde futur, alors que la procréation a été limitée d'une manière drastique, les travaux domestiques sont maintenant attribués aux "mécas", des robots hyper-perfectionnés. Le célèbre professeur Hobby travaille désormais sur un nouveau projet, rendant ces êtres artificiels, ouverts aux émotions et aux sentiments. C'est ainsi que "naît" David, un méca de la dernière génération, confié à un couple qui vient de perdre leur enfant .....
Bibliographie
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Annuel du Cinéma 2002
Critiques (Public)
Sans doute l'un des films les plus sous-estimés de ces dernières années. Au moment de sa sortie, les critiques sont passés complètement à côté de l'oeuvre, obnubilés qu'ils étaient par l'héritage de Kubrick, lequel avait participé à la conception de A.I. et venait de s'éteindre.
Aujourd'hui, le temps a fait son oeuvre et le film est heureusement réhabilité par quelques critiques (notamment Les Cahiers du cinéma ou Les Inrockuptibles). C'est à mon sens le plus grand film de Spielberg, son oeuvre la plus personnelle mais aussi la plus sombre et la plus pessimiste, ce qui a sans doute contribué à son accueil mitigé.
Vouloir se livrer à des comparaisons ou à des regrets par rapport au travail de Kubrick est stupide. D'une part parce que Spielberg n'a pas "récupéré" le film après le décès de Kubrick, ce dernier ayant explicitement confié la réalisation à Spielberg, estimant à juste titre qu'il était mieux placé que lui pour aborder ce genre et surtout manier le registre de l'émotion. D'autre part parce qu'il s'agit avant tout d'une oeuvre hautement "Spielbergienne", le cinéaste insufflant sa propre personnalité et les thématiques qui lui sont chères dans chaque plan.
Au final, je pense que ce film fera date et sera dans quelques années considéré à sa juste valeur : celle d'une oeuvre majeure du cinéma de science fiction, au même titre qu'un Blade Runner par exemple, d'une profondeur et d'une richesse qui dépasse le cadre du 7e art.
L'amour calciné par le néon voit ses procédures naturelles s'éteindre au profit d'un environnement thématique criard et récupérateur.
Malgré un mécanisme émotionnel parfait, une machine reste une machine dans l'impossibilité de remplacer ses circuits par des organes battant à l'unisson d'un sensitif spontané.
L'accomplissement d'un besoin collectif pulsionnel érotico-violent devient la propriété d'une programmation détenant sur commandes l'intégralité de nos fantasmes.
L'amour câblé tout en étant opérationnel, en fonction des demandes, montre ses limites, en interceptant rapidement une récupération insoutenable.
Le pouvoir procédurier et inconditionnel d'un concept incorporé et exécuté dans une machinerie sans âme.
Le monde privé d'une véritable luminosité se retrouve sous l'emprise d'expédients jouissifs et temporaires, pendant qu'une mécanique écorchée vive tente désespérément de conquérir une identité émotive basée sur le comportement d'un esprit.
Intelligence artificielle, opus étrange et bouleversant, délivre une émotion intense, projetée sur une toile de fond futuriste époustouflante.
Une œuvre magnifique, sur l'extinction de nos ressentis purs, mis en bouteille dans une robotique destinée à l'exécution d'un sujet sans en ressentir l'authenticité.
Finalement, qui est esclave de l'autre, l'homme ou la machine?
JIPI