Un reculé village lapon aux maigres habitations éparses dans l'immensité visuelle de la toundra, à l’orée de l’automne. On suit plus particulièrement la famille de Martha, dix-neuf ans, le feu au cul et les fesses toujours à l’air, du soir au matin, s’exhibant sans vergogne à tous vents et tous venants. Une mère osseuse et râleuse, un paternel généralement imbibé qui loue ses services au lointain pour la pâture et le marquage des troupeaux de rennes, un grand-père phtisique et crachoteux, un adolescent adopté, fils d’une prostituée qui vient de passer l’arme et le minou à gauche. Si Martha ne répugne pas, de temps à autre, à se faire sauter par le grêle et fragile jeune homme, c’est qu’elle est déjà fortement enceinte d’un hâbleur Lapon fornicateur, un certain Oula Nahkamaa, qui se prévaut en catimini d'être l'intempestif géniteur d'une bonne dizaine, voire bien plus, d’autres enfants illégitimes, disséminés dans la région...
>>> Un véritable film "ovni" comme on n’en voit guère qu’une fois par décennie (et encore), avec un peu de chance et beaucoup de jugeote, marqué par au moins deux incroyables séquences, époustouflantes de réalisme et de folie (la tranchante mise bas d’un vache en difficulté de vêlage) et (l’hystérique "possession" de quelques paroissien(ne)s en chaotiques exutoires érotico-religieuses et collectives transes expiatoires) qui donnent à cette oeuvre immense, incroyable, tératologique, une éternité indiscutable, indiscutée, dans la nécessaire radicalité cinématographique trop souvent absente de l'ensemble de nos écrans blêmes, cafardeux et timorés...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)
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