Un jeune ornithologue, Gabor Somoskoi, s'en vient dans une fauconnerie, pour un stage de formation estival, au fin fond de l'immense plaine hongroise. Il est accueilli à sa descente de train par le responsable de la ferme avicole, un certain Lilik, un être autoritaire et rigide qui dirige une petite communauté composée essentiellement de quatre fauconniers et d'une jeune femme prénommée Terez s'occupant en grande partie de l'intendance. Un fastidieux et codifié entraînement des oiseaux de proie se déroule quotidiennement, en vue de chasser et surtout de réguler la présence surnuméraire de nombreux hérons qui ponctionnent la population piscicole, des pies et des corbeaux aussi, dévastant les cultures alentour. Chaque année, un quota d'éradication est attribué à la fauconnerie, comptabilisé à l'aide des pattes des oiseaux ainsi éliminés. L'ensemble relationnel fonctionne selon les archaïques principes d'un patriarcat formel et drastique où l'unique présence féminine est bien sûr dévolue au maître des lieux, accessoirement aux quatre subalternes d'une rigoureuse servilité. Le nouvel arrivant, surnommé "Garçon" à cause de sa notoire jeunesse et de son évidente inexpérience, ne parvenant guère à s'intégrer dans cet univers rude, rigide et structuré, d'ailleurs fort mal perçu par les paysans du cru qui déplacent et détruisent volontairement les pancartes, les panonceaux et les clôtures, décide un beau matin de quitter l'endroit, sans même prévenir quiconque officiellement...

>>> Aucun spectateur vigilant ne sera dupe de la scénographie de cette œuvre hongroise limpide et sauvage qui ne cherche absolument pas à mettre en images un documentaire fictionnel sur les faucons. Avec l'indispensable prudence face à l'omnipotence d'une régulière censure étatisée, le réalisateur vise bien d'autres oiseaux de proie, qui durant les sombres périodes d'un stalinisme actif et répressif, régissaient le pays, en sous-main, avec cinglante férule et nécessaire allégeance...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)