OPEN HEARTS - 2002

Titre VF OPEN HEARTS
Titre VO Elsker dig for evigt
Année de réalisation 2002
Nationalité Danemark
Durée 1h53
Genre DRAME
Notation 17
Date de sortie en France 02/04/2003
Thème(s)
Cinéma danois (ORIGINE)
Dogma 95
Milieu médical (Cinéma danois)
Handicapés moteurs (Cinéma danois)
Réalisateur(s)
BIER Susanne
Chef(s) Opérateur(s)
SOBORG Morten
Musique
LEISNER Jesper Winge
Renseignements complémentaires
Scénario : Anders Thomas Jensen
et Susanne Bier .....
Distribution : Haut et Court

Visa d'exploitation : 107 593

Nota : film danois tourné selon les règles du Dogme .....
Acteurs
MIKKELSEN Mads
LIE KAAS Nikolaj
RICHTER Sonja
STEEN Paprika
BJERREGAARD Stine
NEUMANN Birthe
OLSEN Niels
PILGAARD Ulf
NYBORG Anders
HIORT LORENZEN Ronnie
DWINGER Ida
BANG SORENSEN Pelle
ZANDEN Philip
CASTENHOLT Michel
PRINS Birgitte
CLEMENSEN Hans Henrik
JUHASZ Susanne
DAM Jens basse
WINDFELD LUND Hanne
GYLLING MORTENSEN Tina
Résumé

Cécilie, vingt-deux ans, cuisinière de métier, est en passe de se marier avec un jeune étudiant prénommé Joachim, lorsque ce dernier se fait faucher par un véhicule et se retrouve, de par l'accident, lourdement paralysé. Il s'avère que Niels, père de trois enfants, médecin à l'hôpital où est soigné le malheureux tétraplégique est l'époux de la femme qui conduisait la voiture. Cette dernière, Marie, n'est en rien responsable de l'accident. Cécilia quant à elle, traumatisée par le rejet de son fiancé, demande et trouve courage et compassion auprès de Niels qu'elle appelle souvent en perdition...

>>> Encore une oeuvre essentielle d'une des plus solides réalisatrices européennes !

Bibliographie
- Ciné-Feuilles numéros 456
- Les Inrockuptibles numéro 383
- Positif numéro 506
- Annuel du Cinéma 2004
- Cahiers du Cinéma numéro 578
- Filmbulletin numéro 06/2002
- Télérama numéro 2777 
Critiques (Public)

Cecilie et Joachim ont un peu plus de vingt ans et sont très amoureux l'un de l'autre. Il voudrait l'épouser, mais elle hésite encore. Un jour, elle le dépose en ville en voiture. Il quitte le véhicule, mais revient aussitôt pour l'embrasser côté rue. Il se fait alors renverser par une autre voiture conduite par Marie et dans laquelle se trouve également la fille de celle-ci, Stine. En état de choc, Marie est conduite à l'hôpital et rapidement rejointe par son mari, Niels, qui y est médecin. Il cherche à lui remonter le moral car elle se sent responsable de ce qui est arrivé : elle a accéléré, à la demande de Stine avec qui elle venait de se disputer. Niels va aux renseignements, puis retrouve Cecilie dans le hall. Elle est angoissée et craint le pire, car on ne lui dit rien. Niels lui donne sa carte et son numéro de téléphone et lui dit de l'appeler si elle en éprouve le besoin. Quelque temps plus tard, la jeune femme est convoquée à l'hôpital où on lui apprend que Joachim ne remarchera jamais, mais qu'il conserve toutes ses facultés intellectuelles. Elle va le voir pour lui faire part de ce qu'elle vient d'apprendre. Quand c'est fait, il lui demande de sortir, afin qu'il puisse digérer la nouvelle. Par la suite, il se montre distant, puis agressif lors des visites de Cecilie. Il finit même par refuser de la voir. Plus il la repousse, plus elle cherche le soutien de Niels. Ils finissent par tomber amoureux l'un de l'autre. Leur liaison est découverte par Marie et Stine, qui, chacune de leur côté, ne veulent pas perdre qui un mari, qui un père. Niels finit pourtant par être mis à la porte de chez lui, tandis que Joachim déclare vouloir revoir Cecilie ...

Ce septième long métrage de Susanne Bier est également le septième film danois bénéficiant de l'étiquette "Dogme" et c'est peut-être (? !) à cette appartenance qu'il doit sa diffusion dans les salles de l'hexagone. Car le Dogme est toujours source d'intérêt médiatique et les frères en dogme Thomas Vinterberg, Lars von Trier, Søren Kragh-Jacobsen et Kristian Levring n'ont pas manqué de critiquer les libertés prises par la réalisatrice par rapport aux différents points de leur manifeste de 1995. Ils s'en sont particulièrement pris à la musique qui n'aurait pas fait l'objet d'un enregistrement entièrement en direct. Susanne Bier s'est défendue en disant que la musique provenait du walkman de l'actrice Sonja Richter ! Elle n'avait donc pas transgressé les sacro-saintes règles. Ouf ! Ces niaiseries mises à part, Open Heats (traduction française de Elsker dig for evigt, on appréciera) est un très beau film. Et pourtant, c'était loin d'être gagné d'avance avec un scénario mélodramatique à souhaits : ils sont jeunes et beaux, ils s'aiment ; un accident stupide brise leurs vies ! Ils constituent une famille somme toute heureuse, avec leurs trois enfants ; un accident idiot brise leurs vies ! Il frise la quarantaine et tombe amoureux d'une jeune femme de 23 ans ! Stine, en pleine crise d'adolescence, est forcément désagréable comme dans les idées reçues les plus éculées sur le sujet. Bref l'ensemble aurait pu se fondre en quelque chose de fort indigeste. Il n'en est heureusement rien, la magie de la réalisation et le tact de Susanne Bier transcendent l'ensemble. Elle est d'ailleurs bien aidée par un scénario et des dialogues justes, où les petits détails vrais, associés à un humour, certes souvent noir, aident à faire accepter le tout. D'une situation très quotidienne, on pourrait presque dire banale, hélas !, elle fait une œuvre riche et subtile. Elle réussit tout particulièrement à donner une grande richesse psychologique à ses personnages, à nous les faire tous comprendre et accepter, dans leurs qualités comme dans leurs défauts. Le film questionne également sur des aspects de plus en plus présents dans notre société, sur nos vies que nous pensons pouvoir totalement contrôler, sur la difficulté de réagir quand la catastrophe arrive, sur l'aspect imprévisible de ce qui peut alors se passer. Il y a dans Open Hearts des éléments d'un réalisme implacable (la cruauté de Joachim afin qu'on en vienne à ne plus s'apitoyer sur son sort mais, d'un autre côté, il sait bien que les visites de Cecilie se feront de plus en plus éloignées au fil du temps, pour ne citer que cet exemple) mais également tout un aspect positif, chaque personnage garde en lui le désir de s'en sortir, de trouver des solutions, même si celles-ci n'apparaissent pas vraiment évidentes à la fin du film. Á chacun de réfléchir et d'envisager comment vont ou peuvent évoluer Cecilie, Niels, Marie, Stine et les autres après ce qui vient de leur arriver, avant ce qui va peut-être nous arriver.

Susanne Bier est née le 15 avril 1960 au Danemark. De 1978 à 1981, elle est étudiante à la Bezalet Academy of Art and Design de Jérusalem, puis on la retrouve à Londres étudiant l'architecture, la photographie et le dessin. En, 1983, elle intègre la Danske filmskole de Copenhague, dans la section mise en scène. Elle suivra à ce titre le tournage du film d'Anders Refn Les diables volants (De flyvende djævle, 1985). Son film d'examen, L'île des bienheureux (1987), sera primé au festival de Munich et vendu à la chaîne de télévision Channel Four. Elle travaille ensuite sur des vidéos de rock et des courts métrages, puis sur deux longs métrages danois (assistante réalisatrice, casting). Son premier long métrage, Freud quitte la maison, remporte différents prix aux festivals de Montréal, Angers, Marseille ou encore Créteil. Ses cinéastes suédois préférés sont Ingmar Bergman et Jan Troell, quant aux américains ce sont Martin Scorsese et Francis Ford Coppola.

Open hearts ; Titre original : Elsker dig for evigt ; Production Zentropa Entertainments, DR TV Drama, Det Danske Filminstitut. Réalisation : Susanne Bier ; Scénario : Anders Thomas Jensen, d'après une idée originale de Susanne Bier ; Photographie: Morten Søborg ; Musique: Jesper Winge Leisner ; Montage: Per-nille Bech Christensen & Thomas Krag ; Décor : William Knuttel ; Producteur : Vibeke Windeløw ; Son: Per Streit ; Costumes : Stine Gudmundsen-Holmgreen ; Maquillage: Susanne Søbye ; Script : Linda Daae ; Assistants : Joakim Höglund (réal.), Michael Rosenløv Jensen (photo), Christoffer Heie, Simon Kristensen, Carsten Søsted, Lasse Martinussen & Peter Dalby Madsen (montage), Jesper Grüner, Lisbeth Fuglsang Keldsen & Caroline Blanco (production), Anne Jensen, Lars Lund & Kasper Munck Hansen (son) ; Autres collaborateurs : Peter Aalbæk Jensen (prod. exécutif) ; Karen Bentzon (directrice prod), Sisse Graum Olsen & Jonas Fred Nilsen (prod. associés), Ingrid Kofoed (coordination prod.), Dorthe Christiansen & Marianne Moritzen (conseillères DR TV Drama), Vinca Wiedemann (conseillère Danske Filminstitut), Rolf Konow (Photo. plateau), Lars Dela (conseiller technique), Anne Katrine Andersen (coordination post production), Leene Seested & Jette Termann (casting), Hans Peter Ludvigsen (cascades), Peter Daniel Zeuthen (assistant video), Elisabeth Viktoria Poulsen (coordination figurants), Mikkel Palmbo (élève), Hans Frederik Linde, Lars Valentin, Jacob Stig Olsson, Mette Høst Jensen, Henrik Fleischer, Paul Wilson, Christel Hammer, Lizette Gram, Taiushin Carstensen, Maja Dyekjær Gies. Interprétation : Sonja Richter (Cecilie), Nikolaj Lie Kaas (Joachim Pedersen), Mads Mikkelsen (Niels), Paprika Steen (Marie, sa femme), Stine Bjerregaard (Stine, leur fille), Birthe Neumann (Hanne), Niels Olsen (Finn), Ulf Pilgaard (Thomsen), Ronnie Hiort Lorenzen (Gustav, fils de Niels et Marie), Pelle Bang Sørensen (Emil, fils de Niels et Marie), Anders Nyborg (Robert, frère de Marie), Ida Dwinger (Sanne, sa femme), Philip Zandén (Tommy), Michael Castenholt (le vendeur dans le magasin de meubles), Birgitte Prins (le médecin aux urgences), Hans Henrik Clemmensen (le chef cuisinier), Jens Basse Dam (le serveur), Susanne Juhasz (la caissière du supermarché), Hanne Windfeld & Tina Gylling Mortensen (les infirmières). Durée : 114 mn ; Sortie au Danemark : 06 septembre 2002 ; Sortie en France : 02 avril 2003 ; Distribution : Haut et Court.

Filmographie :

Réalisatrice :

1987 - De saliges ø (L'île des bienheureux)
1989 - Songlines
1991 - Freud flyttar hemifrån (Freud quitte la maison)
1992 - Brev til Jonas (Lettre à Jonas)
1993 - Luischen - ballade for en lille pige, tv
1993 - Det bli'r i familien (Affaires de famille)
1995 - Pensionat Oskar (Rien ne sera plus comme avant)
1997 - Sekten - vi venter på dig (Credo / Secten)
1999 - Den eneste ene (L'élue de mon cœur)
2000 - Liver är en schlager (La vie est une chanson à succès)
2002 - Elsker dig for evig (Open hearts)

Casting :

1988 - Himmel och helvete (Ciel et enfer), réal. Morten Arnfred

Assistante réalisatrice :

1989 - Notater om kærligheden (Notes sur l'amour), réal. Jorgen Leth

TEXTE ET CRITIQUE (1°2°3°) REDIGES PAR Denis BALLU

19/20 : Les balises du "Dogme" pouvaient laisser croire à une limitation des effets pour cette série de secousses signée Suzanne Bier,l'adorable coupeuse de cheveux en quatre du cinéma nordique. Une tritureuse de poisses comme si elles nous arrivaient ici-même dans notre existence ballotée mais qu'on suppose exempte du pire. Tout sonne vrai, franc du collier et sans jamais outrepasser le supportable à l'image. On est mis en situation et on finit par admettre qu'on ferait à peu près la même chose... Sauf que ça ne peut pas, ne doit pas, nous arriver. Assez tendre comme regard mine de rien, la cinéaste se tient à distance malgré la caméra fichée sur les situations, et point de morale ou alors celle qu'on se forge dans l'intimité des tréfonds, s'il te plaît la vie, tout mais pas ça. Une lumière chaude sur les visages dans les intérieurs,les occupations banales et, loin en dessous, la glace des reniements. Solitude de l'individu tenu de rebondir et tant pis si la cruauté prévaut. Actrice principale ainsi qu'épouse larguée très marquantes, la petite Stine déchirée. Les hommes piégés dans leur rôle de jouer facilement double, n'en jetez plus... Le comble est que c'est d'un bout à l'autre délicieux par l'étrange envie d'en profiter que cela procure. Quel talent!  L.Ventriloque