THE SEA - 2002

Titre VF THE SEA
Titre VO Hafio
Année de réalisation 2002
Nationalité Islande
Durée 1h44
Genre DRAME
Notation 15
Date de sortie en France 26/03/2003
Thème(s)
Cinéma islandais (ORIGINE)
Pêche et pêcheurs (Autres pays)
Inceste (Autres pays)
Incendies (et / ou) pompiers .....
Réalisateur(s)
KORMAKUR Baltasar
Chef(s) Opérateur(s)
VIALARD Jean-Louis
Musique
ASGEIRSSON Jon
Renseignements complémentaires
Scénario : Baltasar Kormakur
d'après une pièce d'Olafur Haukur
Simonarson .....
Distribution : Pyramide

Visa d'exploitation : 104 146
Acteurs
EYJOLFSSON Gunnar
GUDNASON Hilmir Snaer
NORDIN Sven
DE FOUGEROLLES Hélène
KJELD Kristbjörg
THORVALDSDOTTIR Herdis
FILIPPUSDOTTIR Nina Dögg
OLAFSDOTTIR Elva Osk
SKULASON Sigurdur
GISLADOTTIR Gudrun
JONSSON Thorir Gunnar
JULIUSSON Theodor
ROGNVALDSSON Hjalti
INGIMUNDARSON Ellert
RAGNARSSON Magnus
GISLASON Erlingur
GUNNARSSON Thröstur Leo
XU Wen
ARMANNSSON Benedikt Ingi
EINARSSON Fridgeir
HJARTARSON Grétar Snaer
HALLDORSSON Halldor
Résumé

Un petit village côtier islandais plutôt isolé où la population locale survit uniquement grâce à l'usine de conditionnement de poissons du vieux Thordur, patriarche intransigeant et fort autoritaire, refusant de vendre son entreprise à une vague et rapace multinationale fort intéressée par le nombre de quotas de pêche qu'il détient encore. Notre bonhomme a convoqué tous ses enfants pour régler l'épineux problème de sa succession dans une large réunion de famille qui va bientôt dégénérer en lourdes et cinglantes remises en cause et mises en pièces, faisant ressurgir un passé nauséeux fait de non-dits, d'ignominie et de refoulement...

>>> Un metteur en scène venu du froid qui réchauffe le coeur par sa mise en scène sans faille, entre humour grinçant et détergents règlements de comptes !

Bibliographie
- Annuel du Cinéma 2004
Critiques (Public)

Sur le port, quelqu'un met le feu aux bâtiments de l'usine de pêche. Les gens du coin et les pompiers se dirigent vers les lieux du sinistre. Parmi la foule, Thordur s'extrait de sa voiture et se dresse sur ses cannes anglaises pour contempler l'incendie. Retour en arrière. Kristin, sa seconde épouse et sœur de la première, referme le livre où Thordur a consigné ses mémoires et lui demande : Pourquoi faut-il que la vérité se sache maintenant ? À Paris, Ágúst s'interroge sur le message de son père, mais son amie Françoise décide qu'ils doivent partir pour l'Islande. Sa sœur, Ragnheidur, son mari, Morten, et leur fils prennent en voiture le chemin de la demeure paternelle. À l'usine, Thordur rejoint son fils aîné, Haraldur, qui lui parle restructuration, modernisation, fusion, mais le vieil homme ne veut rien entendre. María, la fille de Kristin, va chercher Ágúst à l'aéroport et, une fois que Françoise a été présentée à la famille, Thordur emmène son fils sur le port. Là il lui confie que l'entreprise a besoin de lui, d'un véritable chef pour la remonter et pas de quelqu'un comme Haraldur. Ce dernier qui a besoin d'argent, en particulier pour satisfaire des promesses faites à sa femme alcoolique Áslaug, intrigue avec un homme d'affaires : Sont-ils assez bien assurés pour mettre le feu à l'usine ? Pourrait-ils trouver un médecin qui certifierait que son père et fou ? Ágúst et Ragnheidur rejoignent leur frère aîné pour adopter une stratégie vis-à-vis de leur père. Plus tard, María confie à Ragnheidur qu'elle aime Ágúst. Quand l'occasion se présente, elle ne cache pas d'ailleurs à son cousin ses sentiments, bien au contraire. Thordur annonce à ses enfants que tout l'héritage de leur mère a été dépensé (pour payer leurs études et toutes les autres dépenses faites pour eux, il a tout noté, il a les factures), il ne leur doit donc plus rien. Alors que l'ensemble de la communauté est prise de frénésie, on assiste à un grand déballage de secrets de famille : Thordur couchait déjà avec Kristin alors que sa femme était en train d'agoniser dans la pièce voisine et María est sa fille. Entendant Ágúst lui préciser cette dernière chose, Thordur frappe violemment son fils, avant de s'effondrer à son tour. Revenu à lui, Ágúst va mettre le feu à l'usine. Retour à la scène du départ (fin du retour en arrière). Alors qu'une ambulance emmène Thordur, Kristin rentre chez elle brûler le journal de son mari. Ragnheidur et Morten piquent dans la maison tout ce qu'ils peuvent entasser dans leur voiture. Ágúst et Françoise reprennent l'avion pour Paris. Haraldur discute avec l'homme d'affaires d'une éventuelle reconstruction de l'usine, avant d'apprendre que tout était hypothéqué et que son père avait même cédé ses quotas de pêche à son pire ennemi, Mangi. À Reykjavik, dans leur petit appartement, Kristin fait la lecture (des statistiques sur la pêche) à Thordur, assis dans un fauteuil roulant.

Sur un schéma digne des tragédies grecques, Baltasar Kormákur nous donne là une œuvre qui va plus s'orienter vers la comédie - voire le théâtre de boulevard - que vers le drame. Certes, les éléments dramatiques sont présents et, pris individuellement, très forts, très graves (on peut citer comme exemple la situation d'Ágúst gamin, enfermé dans sa chambre, entendant dans une pièce voisine les râles de sa mère mourante et dans une autre les gémissements d'amour de son père et de sa future belle-mère), mais le réalisateur a choisi de mettre les rieurs de son côté. Aussi, les situations cocasses se multiplient et les répliques bien senties fusent avec un maximum d'efficacité. On sent des dialogues très travaillés, peut-être est-ce dû au fait que le film est adapté d'une pièce de théâtre d'Ólafur Haukur Simonarson. Ceci dit, on ne sent aucun confinement théâtral, The sea (traduction française de Hadid, on appréciera) nous promène ici et là de manière assez trépidante, de Paris à Reykjavik et à travers les différents lieux marquant de ce petit port de pêche, centre d'amours, de haines et de refoulements divers. Sociologiquement, le film se situe donc dans un monde isolé, frustre et brutal : incestes, viols, coucheries tous azimuts, refoulés et pervers divers, alcoolisme… Tout cela rend quand même le film assez peu crédible. Décidément, trop, c'est trop. Mais revenons à ce monde dirigé par des patriarches despotiques faisant régner leur loi sur les gens et les choses : Thordur emploie la majorité des habitants du lieu dans son usine, possède l'épicerie locale, fait tenir le magasin de vêtements par sa belle-fille, impose ses dictats à la police… Mais ce monde est en train de disparaître. Le vieil homme se rend d'ailleurs compte que les temps changent : la faillite guette l'entreprise, la main d'œuvre féminine qu'il emploie n'est plus uniquement locale ("C'est un véritable aéroport international ici", constate-t-il lors d'une de ses visites), les jeunes préfèrent les pizzas et les hamburgers au poisson… Il va donc tenter une ultime et assez pathétique tentative pour sauver sa conserverie. Mais l'heure est aux regroupements et aux navires usines. La présence d'une Française dans ce contexte très islandais permet de nous expliquer certains us et coutumes locaux : la consommation du requin trempé dans l'urine, la "mort noire" (l'alcool local) ou encore les filles violées avant leur communion, réponse que donne Ágúst à Françoise quand elle lui demande comment c'est l'Islande. Tout cela est un peu trop noir et systématique pour être vrai. Mais le contexte social et économique est surtout là comme un décor de fond, presque en décalage avec le traitement du film (poursuites en voitures, situations burlesques et surréalistes, réparties hilarantes). Bref The sea est plutôt à regarder comme un produit qui vise d'abord à nous faire passer un bon moment et, à ce titre, on serait mal placé pour dire qu'il n'y réussit pas.

Baltasar Kormákur (né le 27 février 1966) à été présenté dans Nouvelles
du Nord n° 15 (page 30).

The sea ; Titre original : Hafid ; Production : Blueeyes Productions, , Filmhuset Produksjoner Émotion Pictures. Réalisation : Baltasar Kormákur ; Scénario : Ólafur Haukur Símonarson & Baltasar Kormákur, d'après la pièce d'Ólafur Haukur Símonarson ; Photographie : Jean-Louis Vialard ; Musique : Jón Ásgeirsson ; Montage : Valdis Óskarsdóttir & Elísabet Rönaldsdóttir ; Décor : Tonie Jan Zetter-ström ; Producteur : Baltasar Kormákur & Jean François Fonlupt ; Son & Mixage : Kjartan Kjartansson ; Costumes : Thórunn Elísabet Sveinsdóttir ; Maquillage : Ragna Fossberg ; Éclairage : Júlia Embla Katrínardóttir, Finnur Gudjónsson & Sigurgeir Thórdarson ; Script: Harpa Elísa Thórsdóttir ; Assistants : Fahad Falur Jabah, Rannveig Jónsdóttir & Silja Hauksdóttir (réalisateur), G. Magni Ágústsson, Bergsteinn Björgúlfsson, Kristín Davídsdóttir, Ómar Jabali & Sigmar Örn Arnarson (photo), Jón Yngvi Gylfason (montage), Draupnir Rúnar Draupnisson, Davíd Snær Guttormsson & Sigrídur Margrét Gudjónsdóttir (production), Margrét Sigurdardóttir (costumes), Örn Marinó Arnason, Ingvar Stefáns-son, Ægir Gudmundsson & Arnar Einarsson (éclairage) ; Autres collaborateurs : Egil Ødegård (coproducteur), Agnes Johansen (directrice prod.), Erlendur Cassata (photo additionnelle), Golli-Kjartan Thorbergsson, Halldór Kolbeinsson, Páll Stefánsson & G. Magni Ágústsson (photographe de plateau), Baltasar Samper (storyboard première scène), Sigvaldi J. Kárason (bande annonce), Valdimar Jóhannsson (cascades), Ásta Dóra Ingadóttir (dresseuse des animaux), Adalsteinn Jónsson & Olafía Sigmarsdóttir (responsables des rennes), Haukur Eyjólfsson (restauration), Stefán Scheving (pilote), Einar Unsteinsson, Vigfús Hauksson, Finnur Gudsteinsson, Torfi Finnsson, Haukur Vigfússon & Jóhannes Karlsson (construction décors), Victor G. Cilia & Steingrimur Thorvaldsson (peinture décors), Ingvar Lundberg Jónsson, Nicolas Liebing, Steingrimur Eyfjörd Gudmundsson, Björn Victorsson, Nicolas Pétur Blin, Vilhjálmur Godi Fridriksson & Gudrún Ragna Sigurjónsdóttir (montage son), Bernard Scudder, Marie-Sylvie Rivière, Torfi H. Tulinius & Gérard Lemarquis (traducteurs), Brian Wilkinson (chef d'orchestre), Lísa Kristjánsdóttir & Bírna Gunnarsdóttir (coord. Production), Ina Ágústsdóttir (comptable), Sigrídur Stefánsdóttir (supervision financière), Rannveig Jónsdóttir (casting figurants), Jón Steinar Gunnlaugsson, Tómas Thorvaldsson & Reimar Pétursson (conseillers juridiques), Sverrir Kristjánsson, Jóhanna Vigdís Arnadóttir, Finnur Jóhansson, Bergsteinn Björgulfsson, Pål Morten Hverven, Pierre Michaud, Ásmundur Páll Hjaltason, Nicolas Blin, Eggert Ketilsson, Haukur Karlsson, Ólafur Jónasson, Kristinn Ágúst Halldórsson, Eidur Birgisson, Stefán Sigmar Símonarson, Gudjón Birgir Jóhansson, Sigurdur V. Jónsson, Ingimar Sigurdsson, Svanhvít Alfredsdóttir, Helga Rosa Pálsdóttir, Sóley Thórdardóttir, Ágústa Jónsdóttir, Magni Kristjánsson, Aron Thorsteinsson, Áshildur Sigurdardóttir, Sigurdur Kristjánsson, Sigurdur Jónsson, Einar Hálfdánarson, Gudmundur Ingi Grétarsson, Laicy Mörköre, Ólafía Einarsdóttir, Sveinbjörg Gudjónsdóttir, Sigurdur Thórisson, Hjörleifur Gunnlaugsson, Sigurjón Leifsson, Gunnlaugur Sigurdarson, Margrét Björgvinsdóttir, Sigfinnur Karlsson, Jóhann O. Gudmundsson, Stefán Jóhannsson, Thorvaldur Einarsson, Gadou Naudin, Stefán Snær Grétarsson, Atli Geir Grétarsson, Jóhannes Bjarnason, Pauline Aasaröd, Ulf Jahr, Kaia Hoifodt ; Second équipe Paris : Frédéric Martial-Wetter, Elsa Bennett & Cyrille Libermann (ass. photo), Sébastien Gaulon & Frédéric Vanard (éclairage), Alain Curvelier (son), Antonio Rodrigues (ass. production), Piotr Styczen (ass. décor), Michèle Constantinidès (maquillage), David Mitnik, Pierre Descouens, Aude Girard, Blanche Cartier, Daniel Séguinaud, Patrick Delamotte, Francis Perreard. Interprétation : Gunnar Eyjólfsson (Thórdur), Hilmir Snær Gudnason (Ágúst), Hélène de Fougerolles (Françoise), Kristbjörg Kjeld (Kristín), Sven Nordin (Morten), Gudrún S. Gisladóttir (Ragnheidur), Sigurdur Skúlason (Haraldur), Elva Ósk Ólafsdóttir (Áslaug), Herdlís Thorvaldsdóttir (Kata), Nina Dögg Filippusdóttir (María), Thórir Gunnar Jónsson (l'adolescent), Theódór Júlíusson (Bóbó), Hjalti Rögnvaldsson (Bensó), Eilert Ingimundarson (Hannes), Magnús Ragnarsson (l'homme d'affaires), Erlingur Gíslason (Mangi Bö), Thröstur Leó Gunnarsson (Kalli bumba), Kristjana Samper (Sunna), Ármann Hjörleifsson (Ágúst jeune), Annetta Rut Kristjànsdóttir (la fille d'Haraldur), Bjarki Birkisson & Gisli Gunnarsson (les fils d'Haraldur), Maria Theresa Michelsen & Heideleta A. Thorgrimsson (les clients du magasin Cosmo), Stella I. Steinthórsdóttir (la femme nue), Bjarni Adalsteinsson (l'employé du magasin de spiritueux), Ottar Gudmundsson (le contremaître), Katrín Gróa Gudmundsdóttir (la femme du directeur de la banque), Appadoo Dass (le chauffeur de taxi parisien), Inga Birna Hákonardóttir (la barmaid), Xu Wen & Guangbai Xu (les clientes au bar), Pálína Jóhannsdóttir (l'assistante de Bensó). Durée : 109 mn ; Sortie en Islande : 13 septembre 2002 ; Sortie en France: 26 mars 2003 ; Distribution : Pyramide.

TEXTE ET CRITIQUE (1°2°3°) REDIGES PAR Denis BALLU