1° En ce jour de 2021, John se rend au Canada pour affaires. Il doit faire escale à New York où sa femme Elena, patineuse artistique, doit donner un spectacle. Ils sont séparés depuis un an et se sont donné rendez-vous pour signer les papiers du divorce. Elena et ses collaborateurs accueillent John avec bonheur. Tout à la joie des retrouvailles, John n’oublie pas pour autant le but de sa présence et qu’il doit repartir le lendemain. Le couple séparé semble toujours s’aimer : c’est le rythme de vie d’Elena, compliqué par la drogue, qui est à l’origine de la rupture. Elena est une star de la glace, elle donne des spectacles dans des patinoires bondées d’un public en folie. Elle représente une affaire très rentable pour toute l’équipe qui l’entoure. Aussi ladite équipe s’est-elle entendue pour faire durer les entrées d’argent. Elena souhaite arrêter de patiner, son style de vie ne lui convient plus : elle se sent seule et semble regretter que son métier ait amené John à la quitter. De plus, elle a le cœur fragile. Ceci a dû accélérer la décision de ses managers de mettre en œuvre un plan de « remplacement ». En effet, le film avançant, on apprend que trois jeunes femmes polonaises – Elena et John sont Polonais – sont entraînées secrètement pour remplacer Elena et ainsi la laisser rentrer en Pologne pour mieux s’en débarrasser. Il ne semble même pas s’agir de clones (ce qui, d’un point de vue scénaristique, aurait été plus simple : Claire Danes joue ces trois doublures et les autres personnages se contentent de parler d’une ressemblance frappante !). Après diverses tentatives de fuite, Elena et John parviennent à regagner la Pologne en compagnie du frère d’Elena, leur seul soutien durant tout le film, mais qui se révèlera être un traître lui aussi. Le film se termine sur une tempête de neige dans la campagne polonaise : elle sera fatale aux trois fuyards.

2° Ce film de Thomas Vinterberg est particulièrement décevant, d’autant plus après Festen. Le scénario fourmille de choses incompréhensibles et d’idées plus ridicules les unes que les autres. L’action est sensée se passer en 2021, c’est pourquoi quelques petits détails douteux, lourdement amenés à l’écran, viennent rappeler que l’on est en pleine anticipation. Les cadavres jonchent les rues, les aéroports, etc. sans que cela émeuve qui que ce soit (sauf le couple de héros bien sûr), tant les arrêts cardiaques provoqués par la solitude sont devenus fréquents. Le phénomène touche surtout les enfants, ce qui donne lieu à des insertions de mauvais goût dans certains plans : un enfant dans une poubelle ou un autre effondré sur le banc d’un parc. Et la télévision parle du phénomène des Ougandais volants ( ! ?) ; il neige à Paris, Venise, New York en plein mois de juillet (le temps est détraqué voyez-vous…) ; l’eau gèle, sans raison, tous les jours à heures fixes pendant deux minutes. Le dérèglement de la planète explique aussi le fait que, durant tout le film, le frère de John (Sean Penn, égaré) raconte les sept derniers jours de sa vie. L’avion dans lequel il se trouve ne peut plus se poser nulle part et restera en vol jusqu’à épuisement du kérosène. Cette « comédie du remariage », sans originalité finalement, avec son soupçon de thriller sans suspens, est un échec total. Le scénario est incohérent et très mal structuré. On sent et on comprend le manque de conviction de Thomas Vinterberg pour tourner ce film. Encore une victime du rêve hollywoodien ?… où l’on voit un cinéaste européen prometteur devenir un vulgaire tâcheron pour studios à la production industrielle. Je me suis dit qu’Elena, la patineuse polonaise dont le talent est exploité par ses managers américains, n’était en fait que la transposition à l’image de la situation du cinéaste lui-même. Thomas Vinterberg a dû rencontrer ses doublures – des réalisateurs interchangeables – dans les couloirs des studios. À moins que, dans une nouvelle provocation, après avoir adhéré au Dogme-95, Thomas Vinterberg se soit fait un plaisir d’en prendre le contre-pied le plus parfait. Plus sérieusement, j’ai hâte qu’il rentre au Danemark. Hervé Naveau

3° Thomas Vinterberg est né le 19 mai 1969 à Copenhague. Il entre à la Danske Filmskole en 1989 et réalise son film de diplôme Sidste omgang en 1993. Il est l'un des initiateurs du Dogme.

Filmographie

Réalisateur :

1993 - Sidste omgang (Dernier tour), cm
1993 - Drengen der gik baglæns (Le garçon qui marchait à reculons), cm + scénario, production
1993 - Slaget paa tasken, tv + scénario
1996 - De største helte (Les héros) + scénario
1998 - Festen (Festen) + scénario, acteur
2000 - D-dag - Niels-Henning, tv
2000 - The third lie, + scénario
2001 - D-dag - Den foerdige film, tv
2003 - It's all about love + scénario

Contributions diverses :

1989 - Tekno love, réal. Kim Toftum, effets spéciaux
1995 - Forsmåelse, réal. Søren Fauli, acteur
2000 - D-dag - Boris, réal. Søren Kragh-Jacobsen, ass. réalisateur
2000 - D-dag - Carl, réal. Kristian Levring, ass. réalisateur
2000 - D-dag - Lise, réal. Lars von Trier, ass. réalisateur

Succès aidant, Thomas Vinteberg apparaît également dans divers documentaires :

2000 - The name of this film is Dogme 95, réal. Saul Metzstein
2001 - Digtere, divær og dogmebrødre, réal. Liv Thomsen, tv
2002 - Hr. Vinterberg & Mr. Bowie, réal. Kasper Torsting, tv
2002 - De lutrede (Les purifiés), réal. Jesper Jargil
2003 - It's all about love - filmen om filmen, réal. Søren Høy, tv

It's all about love ; Titre original : It's all about love ; Production Nimbus Film ApS, Film Four International, Zentropa Entertainments9 ApS, Senator Film Produktion, Key Film, Shochiku Co Ltd, Pathé Distribution, AB Memfis Film & Television, Isabella Films, Film i Väst AB, Egmont Entertainments A/S, Danmarks Radio TV, VPRO Télévision, Det Danske Filminstitut, Svenska Filminstitutet, Co-Production Fund National Broadcasters, Nederlands Fond Voor de Film, R. C. V. Filmdistribution, Golem, Lec Cinéma, Frenetic Films, AMA Films, Nordisk Film- & TV Fond, Filmpool Nord AB, Slot Machine, Zénith Entertainment Ltd. Réalisation : Thomas Vinterberg ; Scénario : Thomas Vinterberg & Mogens Rukov ; Photo-graphie : Anthony Dod Mantle ; Musique : Zbigniew Preisner & Nikolaj Egelund ; Mon-tage ; Valdis Óskarsdóttir ; Décor : Ben Van Os ; Producteurs : Birgitte Hald ; Son Kristian Eidnes Andersen ; Mixage : Tammy Douglas ; Costu-mes : Ellen Lens ; Maquillage : Malin Birch-Jensen ; Script: Linda Daae ; Assistants : Tim Lewis, Andy Robinson, James Bitonti, Toby Hefferman & Iben Snebang (réalisateur), Toshiro Yamaguchi & Ross Sebek (photo), Jette Lehmann & Jesper Lorents (décor), Matteo Gottardis & Claus Willadsen (production), René van den Berg (son) ; Autres collaborateurs : Lars Jönsson, Els Vandevorts & Tomas Eskilsson (coproducteurs), Peter Aalbæk Jensen, Lars Bredo Rahbek, Paul Webster & Bo Ehrhardt (producteurs exécutifs), James Wilson (co-prod. exécutif), Morten Kaufmann (directeur prod.), Per Arnesen & Chris Helcermanas-Benge (photo. plateau), Peter Hjorth (effets spéciaux), Joyce Nettles & Ilene Starger (casting), Janice Wilde (collaboration casting), Signe Jensen & Malte Forsell (production), Stig Günther (cascades), Angelina P. Cameron (coiffure Sean Penn), Karin Fahlén (maquillage Clare Danes), Jørgen Lauritsen (orchestration), Kim Fridbjorg, Simone Grau, Matthew Versteeg, Sune Saabye, Rasmus Thjellesen, Ad Stoop, Morten Bartholdy, Niels Valentin Dal, Nicola Catullo, Gillian Flood, Nikolaj Kornum, Sean-Michael Smith. Interprétation : Joaquin Phoenix (John), Claire Danes (Elena), Sean Penn (Marciello, le frère de John), Douglas Henshall (Michael), Alun Armstrong (David), Margo Martindale (Betsy), Mark Strong (Arthur), Geoffrey Hutchings (Mr. Morrison), Harry Ditson (Georges), Thomas Bo Larsen (le portier de nuit), Sean Michael Smith (Pete), Teddy Kempner (le réceptionniste de Brooklyn), Indra Ové (l'assistante de production), Giorgi Staykov (l'interprète), Anna Wallander (la jeune interprète), Mariann Rudberg (la vieille interprète), Michael Philip Simpson (le maître de cérémonie), Alexander Sapone (le garçon dans la rue), Giula Melis (la fille italienne dans la rue), Norman Fearrington (le garde du corps de l'hôtel), Suat Kutlug (le voleur dans Subway), Larry Wendorf (le dormeur dans Subway), Julia Forgy Viktrup (la journaliste), Ingemar Persson (le chef), Joanna Nowakowski (Elena jeune), Dennis Kemp (John jeune), Mikkeline Kirkegaard (la doublure de Clare Danse pour le patinage), Anne-Mette Poulsen, Carina Juul Jensen, Maj Uggerhøj & Julia Sandsten (doublures scènes de patinage), Harry Ditson (George), Daniel Okin, Martha Siima, Håkan Andersson, Margaretha Björklund, Anne Carlhem, Ia Gustafsson, Maala Pettersson, Gunnel Stenberg, Ronny Stenberg, Curt Ydstål, Abou-Bakre Aalam, James Cagnard, James Franklin, Tim Greenlee, Kevin Mc Intyre, Patricia Page, Sandra Reid, Erich Silva, Michael Sommerville, Luis Thomas Jr., Nick Wolf, Meaza Beyene Muhaxhiri, Frankie Boakye, Matthew Fader, Wieslaw Figazc, Ronald Khuse, Mikael Lindeman, Darrell Scott, Ines Sebalj, Trine Stårup. Durée : 104 mn ; Sortie au Danemark : 10 janvier 2003 ; Sortie en France : 2 juillet 2003 ; Distribution : Pathé.
Note : La plupart du tournage a été effectué aux studios de Trollhättan en Suède, les scènes du métro de New York à la station d'Østerport à Copenghague et celles de Central Park à Østre Anlæg et à Søndermarken.