Un éminent professeur à la faculté de médecine, ayant dépassé la cinquantaine, fait un bilan plutôt mitigé de son existence, entre nécessaires obligations sociales et inévitables contraintes relationnelles. Souffrant depuis quelques temps de récurrentes insomnies qui provoquent invariablement de constantes résurgences d'un passé révolu, il fulmine intérieurement de ne plus pouvoir écrire contrarié par une intelligence qui diminue au fil des années. Mais ces récriminations intimes ne se portent pas uniquement sur les affadissements de sa personne, mais aussi sur son environnement proche, que ce soit son milieu familial ou la sphère professionnelle. En effet, entre une épouse percluse dans les conformités bourgeoises et une fille quelconque, courtisée par un insipide prétendant, le vendeur de pianos Gnekker, notre professeur se ressent comme démobilisé dans son travail, exaspéré par ses prétendus collaborateurs à l'université et la conventionnelle platitude de ses étudiants. Cette perception hautement négative de son entourage qui jadis le laissait dans une sereine indulgence, le rend aujourd'hui maussade, irritable et désapprobateur. La seule personne qui trouve grâce à ses yeux et à son cœur, la singulière Katarzyna, une actrice de théâtre en plein désarroi, devenue sa fille adoptive au décès de son père et dont les épisodiques entrevues et la souhaitée présence sont à chaque fois d'une généreuse évidence....

>>> Cette suave adaptation du grand nouvelliste russe Anton Tchekhov, distille un constant breuvage d'amertume et de nostalgie diffuses qui dépeint en bienheureuses séquences feutrées, une personne faussement débonnaire, à la croisée du doute et de la fatigue, en lente et inaltérable rupture de ban et pernicieux décrochage existentiel...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)