Les Hoover, voilà une famille fort sympathique et gentiment déjantée qui décide un beau matin, de traverser une partie des Etats-Unis, dans un vieil break Volkswagen rouillé, jusqu'en Californie, où leur fille de sept ans, Olive, rêve de se présenter à un concours de beauté pour demoiselles de son âge. Le trajet est des plus folkloriques, bien secoué par les personnalités bigarrées de la petite équipe, Richard, le père, obsédé de la réussite qui tente désespérément de vendre son prétendu best-seller : "Parcours vers le succès en neuf étapes", Dwayne, dix-sept ans, thuriféraire de Nietszche, ayant fait voeu de silence, jusqu'à son inscription à l'Air Force Academy, Edwin, le grand-père qui s'est fait renvoyer de la maison de retraite pour avoir trop sniffé de l'héroïne, Sheryl, la mère, la plus équilibrée malgré sa morale rigoureuse et Frank, le frère de cette dernière, spécialiste de Marcel Proust, obstinément suicidaire qui vient de se faire larguer par son dernier petit ami...
- Positif numéro 548
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Les Inrockuptibles numéro 562
- Jeune Cinéma numéro 305
- Ciné-Feuilles numéro 530
- Annuel du Cinéma 2007
- Les Cahiers du Cinéma numéro 546
- Télérama numéros 2956 et 2960
- L'Avant-Scène numéro 559
Critiques (Public)
Le scénario de Little Miss Sunshine (une jeune fille qui participe à un concours de beauté) était loin d'être du genre à m'intéresser. Et aucune tête connue dans le casting ne me donnait de raison d'y aller. Mais l'énorme et gigantesque succès de ce petit bijou cinématographique est sans appel.
Dès la première séquence, tous les personnages de la famille Hoover nous sont présentés : Frank, rescapé d'un suicide, Dwayne, qui a fait voeu de silence après avoir lu Nietzsche, Richard (le père), théoricien raté avec sa théorie des "battants et des perdants", le grand-père, qui carbure à l'héroïne, et enfin Olive, petite fille pas spécialement gâtée par la nature qui va participer à un concours de beauté "junior" en Californie. Seule la mère est "normale". Sous un aspect peu glorieux au départ, comme vous venez de le remarquer, ces personnages vont laisser paraître un autre aspect de leur personnalité, pour devenir des gens d'une grande humanité. En cela, les acteurs sont très bien : drôles et émouvants à la fois, leur amitié familiale est d'une véritable sincérité.
Dans cette comédie dramatique, on passe souvent du rire aux larmes : ce changement est très habile. Quand le grand-père meurt, par exemple, la vie suit tout de même son cours. Et c'est un des plus beaux moments du film.
Dans les messages qu'il transporte et dans la gaieté qu'il inspire, Little Miss Sunshine peut s'apparenter à The Last Show, le dernier film de Robert Altman. Les Hoover sont des gens simples, heureux de vivre ensemble, et qui n'ont que faire des concours de beauté pour États-uniens stupides. Voilà du cinéma américain commme on l'aime : indépendant. Sylvain BRUNERIE.
"Un vainqueur n'attend que d'être réveillé, soyez les acteurs de ce monde".
Ces quelques mots ne sont que l'auto satisfaction d'une locomotive verbale, transcendée par sa propre voix, ne déclenchant que de rares applaudissements dans une classe plus que clairsemée.
A la maison se côtoie période Nietzsche sur vœu de silence, agrémenté d'un visage proustien aux bras tailladés, servant de paravent à une snifette sexagénaire.
Sur la route, une éducation sexuelle est distillée à la grosse, à l'intérieur d'un minibus à l'agonie, au klaxon révolté, n'en finissant pas de s'éteindre.
Cette famille, épuisée par la cartographie interne d'un monde non exécutable, se propulse sur le ruban du renouveau. Quelques confessions sont repositionnées sur une parole vomissante retrouvée. Cette transpiration de plus de mille kilomètres fabrique une asphyxie familiale salutaire, on souffre la disette en groupe, en regardant droit devant soi. La finalité de cette escapade se situe dans une liberté gestuelle bannissant les contraintes de petits corps martyrisés par les parfums et les mises en plis.
La vie n'est qu'un concours de beauté permanent, un célèbre écrivain français, looser perpétuel, voyage incognito dans cette pétoire surréaliste, la décision d'un équilibre repose sur l'acceptation de ses différences morales et corporelles, en y incluant la perception d'être un génie, pratiquement que pour soi-même, environné d'un auditoire restreint, mais conquis, qu'importe la multitude si celle-ci n'est qu'un troupeau conditionné en orbite autour d'une fausse lumière.
Des parents, attendris par des décennies de rediffusions de navets à l'eau de rose, se pâment devant des Shirley Temple mécanisées, exécutant des chorégraphies à peine comprises, uniquement afin de respecter un catalogue de prestations de concours voyeuriste, presque centenaire.
"Little Miss Sunshine" est dans un premier temps la mise en pratique d'une erreur ne menant nulle part, ce cheminement vers cette fausse terre promise californienne se conclue par le plus beau des éveils.
"Allons nous en d'ici" est prononcé par une famille reconstruite où chacun, en fonction de rêves impossibles, se positionnera sur un parcours authentique, une vérité basée loin des stéréotypes où l'on est soi-même, en assumant pleinement un contre-courant.
Par rapport à ces rêves les plus fous, l'approche "Familles, je vous hais" se fabrique d'elle-même "Little Miss Sunshine" (2005) montre bien cette cassure" heureusement temporaire d'un fils taxant trop rapidement son entourage de ratés.
Chacun montre son amour à l'autre par sa différence, dans un langage parfois limité, par les disponibilités et les fantasmes de chaque participant uni jusqu'au bout de ce voyage initiatique drôle et émouvant.
"Little Miss Sunshine" est un film merveilleux" délivrant le plus beau des diplômes, l'acceptation dans une collectivité constructive de sa propre architecture.
JIPI
Une famille tellement normale dans sa folie qu'elle nous touche (une famille sans histoire ne serait pas vraiment une famille) : un garçon à fleur de peau, un couple prêt a traverser des états pour aller au bout des rêves de ses enfants, un grand père qui booste sa petite fille pour qu'elle passe un concours de beauté ... car il a raison, à bien y regarder c'est elle la plus belle, dans sa fraicheur et sa générosité... un vrai régal ! 17/20
  TY