LA VIE DES AUTRES - 2006

Titre VF LA VIE DES AUTRES
Titre VO Das Leben der Anderen
Année de réalisation 2006
Nationalité Allemagne
Durée 2h17
Genre DRAME PSYCHOLOGIQUE
Notation 16
Date de sortie en France 31/01/2007
Thème(s)
Ecoutes téléphoniques et microphoniques (tous pays confondus)
Mur de Berlin (tous pays confondus)
Cinéma allemand (ORIGINE)
Milieu du théâtre (Cinéma allemand) (est et ouest)
Stasi (la) et ses sbires (tous pays confondus)
Suicide (Cinéma allemand) (est et ouest)
Enterrements (tous pays confondus)
Oscar du Meilleur Film en Langue Etrangère
Réalisateur(s)
HENCKEL VON DONNERSMARCK Florian
Chef(s) Opérateur(s)
BOGDANSKI Hagen
Musique
YARED Gabriel MOUCHA Stéphane
Renseignements complémentaires
Scénario : Florian Henckel von Donnersmarck .....
Distribution : Océan Films

Visa d'exploitation : 117 068

Nota :

- Oscar du Meilleur Film en langue étrangère 2007 .....
Acteurs
GEDECK Martina
MÜHE Ulrich
KOCH Sebastian
TUKUR Ulrich
THIEME Thomas
SCHÖNEMANN Hinnerk
MÜNSTER Klaus
MICHALOWSKI Volker
KNAUP Herbert
KLEINERT Volkmar
HÜBNER Charly
GRUBER Marie
DAEHN Werner
BRENNER Matthias
BLOCHBERGER Ludwig
BAUER Hans-Uwe
ARNOLD Thomas
SCHÜLLER Paul Maximilian
TROST Bastian
EHRLICH Ralf
BIRKENFELD Inga
Résumé

Georg Dreyman est un auteur dramatique apprécié des pontes politiques de l'Allemagne de l'Est et sa compagne, Christa-Maria Sieland, une plantureuse actrice, encore plus par Bruno Hempf, le ministre de la Culture avec qui elle entretient une liaison "promotionnelle", subreptice et culpabilisante à l'insu de son partenaire de scène et de vie. Afin de faire pencher la balance et la préséance sexuelle de son coté, l'homme d'état demande au lieutenant colonel Anton Grubitz, lors d'une représentation théâtrale, de faire surveiller les agissements de Dreyman, afin de lui trouver une possible infraction à la "Sécurité de l'Etat", susceptible de le faire incarcérer et ainsi d'écarter le gênant rival. Ordre est donc donné au capitaine Wiesler de truffer l'appartement du "suspect" d'une batterie de micros afin de débusquer la gravissime faute rédhibitoire. Les écoutes et les rapports manuscrits commencent et s'enchaînent méthodiquement, méticuleusement, méthodologiquement...

>>> Lorsque vingt pour cent de la population surveille les quatre-vingt pour cent restants, quand un service de police politique, de renseignements, d'espionnage et de contre-espionnage (la Stasi : STAatsSIcherheit) imprime son omniprésence dans le quotidien et l'intimité des citoyens et que toutes vélléités d'opposition ou seulement de désaccord au régime constitue une faute grave, la gangrène étatique devient gouvernance et l'être humain n'est plus qu'un pion, un numéro, un matricule...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)

Bibliographie
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Annuel du Cinéma 2008
- Zeukis numéros 29 et 30
- Jeune Cinéma numéros 306/307
- Positif numéro 552
Critiques (Public)
19/20 : Pour ceux qui ignoraient cet étau germanique qu'était la Stasi à l'est avant la chute du Mur. On est en 1984, clin d'oeil à un bouquin aussi, où il est question d'espionner autrui. Voilà à quoi les extrêmes conduisent, ça doit remonter aux cavernes... Et qu'on soit de gauche comme de droite. Mené avec beaucoup de finesse pour un premier film, suspense et coups de frein alternés, le spectateur a peu l'habitude d'une violence aussi insidieuse mais marche à fond... Parmi tous ces morts vivants qui traquent la population pour une idéologie transformée en diktat, le couple d'artistes, sensuel et qui représente l'idéal sur cette Terre, est l'unique réjouissance, jusqu'au dénouement, qui relativise tout le propos, franchement, on en reste baba... L.Ventriloque

Subtile distillation de violences et d'humiliations sous un décor idéologique complètement délavé; juste une normalité, une inhumanité devenue normale. Le Bien et le Mal se tiennent par la main finalement. WM

Un film juste, qui permet de comprendre ce que les Allemands ont pu vivre d'un côté et de l'autre du Mur et la difficulté des lendemains de réunification. Pas de procès en sorcellerie, un réquisitoire sur les petites lâchetés qui jour après jour peuvent faire de nous des collaborateurs et un plaidoyer pour ces actes anodins qui font permettre de prendre conscience et de refuser le système. Ce n'est jamais grandiloquent, mais toujours dérangeant. Michel

"Comment avez-vous pu gouverner un pays?" En 1984, la vérité, conquise de force par la Stasi, consiste en des propos désordonnés. Le soleil une fois à l'Ouest se moque de vous. Rien voir et rien entendre assure la pitance de ses proches. Les rues désertes, clairsemées d'automobiles, offrent des nuits blafardes à un apparatchik soudainement troublé par la valeur propre de l'individu, le texte et la musique. Ces illuminations nouvelles inaugurant peut-être l'éveil d'un esprit. L'instrument du parti dine seul dans des grands espaces murés, laissant parfois le passage à un apaisement furtif, fourni par des professionnelles. Tout ce qui manque se décortique sadiquement dans un jouissif permanent nommé "La vie des autres", que l'on tient entre ses mains. A l'étage, les portes sont ouvertes sans ménagement. Dans les sous-sols, l'oreille est attentive, sadique, provocatrice. Dans les hauteurs, l'écouté complote pour survivre dans une liberté créative en maintenant du mieux possible un comportement intellectuel, non assujetti à la dominance d'un pouvoir, ne stabilisant sa puissance que par la démolition de ceux qui pensent. Le suicide n'est plus comptabilisé, ce n'est qu'une mort comme les autres. L'écoute d'une sonate verrouille presque le processus d'une révolution. Le poète est l'ingénieur de l'âme. L'actrice, malgré son talent, reste dépendante de l'obèse tribal, camouflé dans la voiture de fonction. Pour un régime totalitaire, l'art est le pire des ennemis. Le penseur est dangereux, il se dompte au même titre que la population, par la peur, la surveillance et le slogan politique. La créativité libératrice est sous-marine, en parallèle avec les énormes pressions que le parti s'inflige à lui- même. Le régime n'est qu'un harcèlement, nivelant constamment toutes les couches sociales, réduisant à néant les libertés de penser d'individus diabolisés par la peur. "La vie des autres" est un film poignant sur la destruction des âmes, opérée par des opportunistes sans structures, récupérés par l'idéologie dominatrice d'un rouleau compresseur broyant ses propres composants. Difficile de ne pas comparer ses images de persécutions, de trahisons et de sacrifices avec les sinistres heures hitlériennes ùu chacun n'est plus lui-même, ce dysfonctionnement appelant avec désespoir la diction d'une phrase sublime : "Le mur est ouvert". JIPI