Odette travaille au rayon cosmétiques d'un grand magasin de Charleroi. Elle est veuve depuis quelques années et mère de deux enfants, Rudy, sympathique coiffeur homosexuel aux partenaires changeants et Nadine, une adolescente en pleine crise d'autonomie, entichée d'un sombre balourd aux pieds malodorants. Une existence somme toute impavide et terne qui est illuminée par les chansons de Joséphine Baker et la lecture des romans de son écrivain chéri, Balthazar Balsan, qui la fait planer et dont le public en grande partie féminin, se compose essentiellement de vendeuses, secrétaires et autres dactylos. Des gens simples pour lequel notre prosateur semble éprouver une distance polie, voire une royale indifférence. Mais la vie, comme toujours, imprévisible et malicieuse, réserve souvent de curieuses chausse-trapes aux individus bardés d'inaltérables certitudes et de solides convictions...
- Annuel du Cinéma 2008
- Fiche de Monsieur Cinéma
Critiques (Public)
Premier film réalisé par le populaire écrivain Eric-Emmanuel Schmitt, ‘Odette Toutlemonde’ suscitait une curiosité bien naturelle. Berçant dans un univers féérique rappellant volontiers celui d’Amélie Poulain, l’histoire repose sur l’admiration d’une lectrice (Catherine Frot) envers son écrivain fétiche, Balthazar Balsan (Albert Dupontel). Ce dernier, dont la carrière va être rapidement ruinée par la critique et la télévison, trouve refuge chez cette fan hors du commun. S’en suit un rapprochement entre deux êtres que tout sépare pourtant (culture, mode de vie, moeurs...). Détruit par l’intelligentia parisienne, Balsan saisit ainsi l’importance et l’influence de ses oeuvres chez le commun des mortels. Serait-ce là une approche autobiographique du réalisateur? Il y a en tout cas, quelques similitudes entre celui-ci et le personnage. La trame psychologique se mêle en outre à de joyeux moments de comédie musicale, rendant hommage à l’illustre Josephine Baker. Destiné aux coeurs tendres, Odette Toutlemonde, s’il n’est pas un chef d’oeuvre, prouve que Schmitt est bien quelqu’un d’éclectique. Grâce bien sûr, à deux très bons acteurs. Examen d’entrée donc réussi pour le ‘néo-réalisateur’. (David Hainaut)
16/20 : Ce petit divertissement n'a qu'une parenté restreinte avec l'esthétique mais creux "Amélie Poulain", loin d'être ces cartes postales alignées : entre autres, on y apprend comment venir à bout d'un oeil au beurre noir, enfin, d'une porte, et que si femme n'accepte pas qu'homme "renifle", qu'elle prenne un chien ! J'ai beaucoup ri, Catherine Frot, aussi réaliste que candide (elle semble une "Yoyo" qui se referait une santé en Belgique, au point qu'une bande dessinée pourrait commencer à partir de ce film)... Bref, ça suggère le cinéma francophone du temps de Bourvil, Gabin, Pauline Carton, Raimu... Quant "une bonne histoire" consistait à mettre en situation des comédiens dont le public raffole en le tenant en haleine par de bons dialogues et quelques surprises. Très agréable moment donc pour ceux qui s'en contentent, et facette étonnante de la part de Schmitt l'écrivain... Bluette, futur film télé du dimanche soir repassé chaque année ? C'est tout ce que je lui souhaite. L.Ventriloque