Seul passager d’un improbable autobus brinquebalant, conduit par un Charon des temps modernes, sillonnant une étonnante route vallonnée, dans une incertaine région désertique et venteuse, le dénommé Andréas est finalement déposé à une station-service isolée où il sera pris en charge par un déférent chauffeur le conduisant en ville et plus précisément à son moderne appartement. Le lendemain, il se rend à son nouveau lieu de travail, dans une entreprise high-tech du tertiaire, où il est censé exercer le méticuleux métier de comptable, côtoyant des collègues affables et prévenants, mais dont ne se dégage aucune émotion apparente ni conviction personnelle. De la même manière, son monotone et "mortel" quotidien et même la relation intime qui s’ébauche vaille que vaille avec une jeune femme rencontrée lors d’une soirée, transpirent l’aseptisé draconien, le convenu de rigueur, le codifié incontournable et définitif. Pareillement, les aliments ingurgités semblent n’avoir aucun goût particulier, aucune odeur précise et l’absence criante d’enfants dans la cité demeure un insondable et curieux mystère quelque peu inquiétant...

>>> Univers dantesque pour fautifs et fauteurs condamnés à un éternel recommencement ? Enfer, purgatoire et manipulation où la mort, comme ultime repos, est une impossibilité physiologique ? Mondes parallèles qui s’emboîtent et s’ignorent ? Ou tout simplement, sombre panorama en négatif et en douleur d’un vécu actuel, nimbé du vague souvenir d'un paradis perdu dont nous percevons, quelquefois, en échos diffus, comme le son lointain d’un violoncelle, la probable existence et dont nous sommes désormais à tout jamais exclu ? Dans tous les cas, une pétrifiante horreur absolue, pensez donc, un monde où l'alcool ne saoulerait pas ! Ce qui est loin d'être le cas au festival fantastique de Gérardmer où nous avons copieusement trinqué au film et à l'environnement vosgien...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)