Après dix-sept années passées dans les geôles du dictateur coréen Chung-Hee Park, le jeune Hyun-Woo est enfin affranchi de son interminable et pénible enfermement, mais non de son passé en mémoire et en charpie. Accueilli avec amour et considération par sa famille, déférence et copieuses libations par ses anciens camarades de lutte, il ne songe qu'à revenir aux lieux de sa grande passion de coeur, et plus particulièrement dans la maison de Yoon-Hee, décédée d'un cancer, un an avant sa libération et qui l'avait, à l'époque bénie de sa liberté, caché, hébergé, aimé jusqu'à son départ militant pour Séoul et son inévitable arrestation. Désormais, ne restent présents que de vagues réminiscences voilées d'un bonheur passé, quelques peintures défraîchies, étonnamment nostalgiques, des guirlandes de regrets pudiques et vains, comme échappés de souvenirs pétrifiés et de rêves en constante hémorragie. Demeure aussi une certaine réalité tangible, dans le trouble tranquille d'une clairvoyante adolescente et l'émotion contenue d'une paternité fragile qui peine encore à s'exprimer...
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Annuel du Cinéma 2008
- Cahiers du Cinéma numéro 622
Critiques (Public)
16/20 : Admirablement filmé, comme apparenté, au plan cinématographique, au film "Les climats" de Nuri Bilge, autre virtuose de la caméra. Et encore une fois sur le thème du tiraillement séculaire, cette difficulté à concilier l'amour pour une femme (qui finit par emprisonner) et la pulsion de mouvement vers la communauté (risques inclus). Evidemment ici, l'emprisonnement de 17 années ravive la flamme amoureuse au détriment de la conviction politique... Quelques images dures, un peu trop appuyées parfois pour nous autres occidentaux (ce côté hara-kiri du cinéma coréen), pour illustrer la guerre, les luttes sociales, et aussi pour massacrer un prétendant trop gamin (les crachats répétés) et cette pauvre cancéreuse par accumulation de chagrin... Mais l'ensemble est bien cohérent et conduit vers une réflexion élargie (couple/société)... Les deux acteurs principaux ajoutent au questionnement par leur charme indiscutable, le héros ayant gagné en séduction avec l'âge, ce qui est rare au sortir de prison ! Les retrouvailles avec l'enfant apportent une note tonique imprévue, cette ressource qui bouscule le père, et devrait faire rire toutes les mères ! L.Ventriloque