Liège l'industrielle, où ce qu'il en reste désormais, c'est-à-dire des milliers de licenciés, d'handicapés et de chômeurs, à la masse, à la casse. Trois d'entre eux ont l'habitude de se retrouver au café du coin, à taper le carton, entre la pénombre du matin et la grisaille du soir. Il y a Patrick, bardé de diplômes qui ne trouve aucun travail et s'occupe de la maison et du môme, alors que sa compagne Carole s'exténue dans une anonyme laverie industrielle. Il y a Jean-Pierre dans son fauteuil roulant, paralysé après un stupide accident de travail. Et puis Robert, chômeur de la faillite métallurgique, mis à la porte après trente années de labeur. Sans oublier l'affable Marc, récemment sorti de taule après le braquage d'une station-service qui travaille de nuit dans une usine d'embouteillage de bière, obligé de pointer chaque matin au commissariat de police le plus proche. Il suffira finalement d'une lente maturation des frustrations individuelles, d'un banal incident dans le quotidien (la mobylette de Carole tombe définitivement en rade, l'obligeant à prendre encore plus matinalement un bus de banlieue) pour que ces ferments de désespoir et d'incivilité se transforment en d'irréversibles démarches délictuelles avec pour ultime dessein, le casse d'une usine de la contrée qui a pour troublantes habitudes de régler leurs comptes en argent liquide, de main à main, en toute discrétion, sans longues tergiversations ou scrupules...
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- Ciné-Feuilles numéros 526/527 et 531
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- Fiche de Monsieur Cinéma
- Jeune Cinéma numéros 303/304
- Fiche du Cinéma numéro 1832
- Télérama numéro 2949
Critiques (Public)
Pour sa première sélection à Cannes, Lucas Belvaux a choisi de parler d'un sujet d'actualité : le travail. C'est honorable.
Les personnages qu'il nous présente sont attachants, en partie grâce aux acteurs talentueux qui les interprètent. Les décors choisis (les usines et les machines, qui contrastent avec les petits jardins...) donnent une ambiance particulière à ce film, et ses séquences soignées et bien filmées le rendent encore plus attrayant au premier coup d'oeil. Mais ce qui retient moins notre attention (la mienne en tout cas), c'est que le scénario est beaucoup moins réfléchi. Ainsi, certains points sont invraisemblables (comme toute cette histoire de scooter rouge, ou encore la rapidité avec laquelle ils trouvent une voiture ouverte et la démarrent), d'autres points sont bizarres ou illogiques.
Malgré un scénario qui aurait plus être plus recherché, la qualité esthétique de La Raison du plus faible vaut le coup d'oeil.
Sylvain BRUNERIE