1923, à Shinshu, petit village de montagne, au centre du Japon, dans une région réputée pour sa culture du ver à soie, Tsune Nonomiya, une jeune veuve de la contrée, travaille dans une petite entreprise de filature, pour un maigre pécule ne lui permettant guère d'inscrire son fils Ryosuke, pour l'année prochaine, dans un lycée tokyoïte, malgré les recommandations de son instituteur qui a décidé, lui aussi, de rejoindre la capitale afin de parfaire son instruction. Pour donner à son fils la possibilité d'un avenir plus solaire et lui permettre de poursuivre des études supérieures, elle va finalement décider de vendre sa maison et ses terres, en toute affection et discrétion et vivre désormais dans un réduit de l'usine...

1936, treize années plus tard, sa mère s'en vient rendre visite, pour la première fois, à son fils qui l'attend en taxi à la gare pour l'emmener dans son foyer. C'est dans une fort modeste maison, dans un quartier en déshérence, entre douteux terrain vague et fumante usine d'incinération, qu'il vit désormais, avec son épouse Sugiko et un enfant âgé de quelques mois. Malgré tous les efforts du garçon pour cacher à sa mère la pauvreté récurrente de leur quotidien, elle aura vite fait de comprendre la pénible situation du couple, assaillie soudainement par une vague d'amertume et de tristesse devant l'inanité de son lourd sacrifice passé...

>>> Premier film parlant de l'illustre metteur en scène nippon et déjà sa trente-cinquième réalisation, magnifiée par une étonnante palette chromatique du noir et blanc dans l'utilisation de la lumière naturelle, à travers une parfaite maîtrise du clair-obscur, rehaussée par la rigoureuse composition du cadrage, surtout des plans moyens et à travers une grammaire cinématographie de plus en plus personnelle et dépouillée...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)