Le jeune Ali, onze ans en ce printemps 1962, est le témoin privilégié, dans Tlemcen en ébullition, des sanglantes prémices de l'indépendance algérienne tant attendue par la population autochtone, qui se précise gaillardement. Une enfance parmi tant d'autres, avec en filigrane, une tragédie humaine, tantôt proche, tantôt lointaine qui s'inscrit indifféremment dans les deux camps à coups d'attentats et d'exécutions sommaires, avec acharnement, panique et désespoir. Ali vend des journaux et cette quotidienne activité lui permet de cotoyer une large palette de lieux et de personnages, spectateur attentif et souvent impuissant des bouleversements et des drames qui s'échafaudent et se perpétuent. Pourtant, la vie continue malgré tout, imperturbable, évidente, peut-être à cause de la petite cabane secrète sous le bruyant pont de chemin de fer, de l'indéfectible amitié avec Nico et les autres, de la passion pour les illustres vedettes du ballon rond de l'époque, de Luis Bunuel et son pathétique "Los Olvidados" qu'on a vu tellement souvent et dont on a appris par coeur, des tirades et des répliques entières...
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Annuel du Cinéma 2008
Critiques (Public)
16/20 : On met du temps à bien "entrer" dans cette suite de scènes présentée de manière sobre, nul doute que ça a été vécu. Mehdi Charef déroule tranquillement son écheveau, chaque plan de souvenirs amenant son énigme. Peu à peu, le spectateur s'habitue à patienter, n'est jamais tranquille... Le jeune Ali (et surtout les acteurs adultes qui l'entourent, les enfants plus ou moins...) incarne les enfants dans les guerres, ce regard trop tôt acéré mais toujours espiègle ! Un témoignage relativement modéré, Charef a su situer l'enfant, l'adulte et le parent dans son propos, il montre mais n'accuse pas. Son film, par son côté instructif, trouverait toute sa place projeté dans nos écoles à l'appui des cours d'Histoire. L.Ventriloque