Une moderne piscine de la banlieue parisienne. Avec une méticulosité d'entomologiste aquatique, nous suivons l'entraînement d'une équipe féminine de natation synchronisée. Rapidement la chorégraphie liquide devient secondaire et l'appréhension visuelle plus précise, plus inquisitrice, se focalisant sur trois personnages antinomiques dans leur personnalité, proches dans les nuances mêmes de leur féminité en éveil et en expression. La corpulente Anne qui se (dé)construit entièrement de par son désir pour l'athlétique François; la séduisante Floriane qui émarge du côté d'une beauté physique insidieusement handicapante; la fluette et juvénile Marie, artisane hésitante et frileuse d'une affective (homo)sexualité naissante...
>>> Prenant délibérément le parti pris assuré, assumé, d'une stylisation naturaliste extrême et un dépouillement radical récusant tous les éléments hors sujet (parents, école) Céline Sciamma (vingt-sept ans, première réalisation) parvient à nous imposer son originale vision aiguë et hantée du monde adolescent féminin. On hésite entre rare création d'une cinéaste exceptionnelle, en devenir et illusoire construction filmique vaine et infondée. Son second long métrage fort attendu nous permettra d'y voir plus clair, loin des céphalopodes gluants de l'amour et de l'amitié natatoires...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)
|