CHOUGA - 2007

Titre VF CHOUGA
Titre VO Shuga
Année de réalisation 2007
Nationalité Kazakhstan / France
Durée 1h28
Genre DRAME
Notation 14
Date de sortie en France 15/09/2010
Thème(s)
Cinéma kazakh (ORIGINE)
Rêves et cauchemars (Autres pays)
Mariage (Autres pays)
Tolstoï (Léon)
Trains et gares (Autres pays)
Suicide (Autres pays)
Pêche et pêcheurs (Autres pays)
Autobus et autocars (tous pays confondus)
Opéras et opérettes (tous pays confondus)
Feux d'artifice (tous pays confondus)
Photos et photographes (Autres pays)
Noël et Réveillon (Autres pays)
Milieu du cinéma (Autres pays)
Tour Eiffel (tous pays confondus)
Ambulances (tous pays confondus)
Jeux (cartes)
Réalisateur(s)
OMIRBAYEV Darezhahn
Chef(s) Opérateur(s)
TROSHEV Boris
Musique
DANDRE Olivier
Renseignements complémentaires
Scénario : Darezhan Omirbayev
Produit par Joël Farges
et Limara Zjeksembajeva .....
Distribution : Accatone Distribution

Visa d'exploitation : 116 649
Acteurs
SAGATOV Aidos
TOURGAMBAEVA Alnour
SAPARGALI Aïnour
ASSAOUOV Jassoulaw
Résumé

Jeune étudiant en cinéma, Tieguen s'en vient offrir un bouquet de fleurs à la gentille Altynaï qui lui préfère le décontracté et fortuné Ablaï, exerçant le lucratif métier de banquier. Un jour, ce dernier croise dans le train l'attirante Chouga, venu consoler et raisonner sa belle-soeur Togian, malheureuse en amour. Il se sent fort subjugué par la splendide créature qu'il revoit à l'opéra en compagnie de son mari, le rigide député Izbarassov qu'elle finira par quitter pour rejoindre le fringant séducteur. Commence une perturbante liaison, avec un court séjour dans la capitale française et le perpétuel regret de la jeune femme d'avoir laissé son enfant de sept ans, prénommé Amir, à son époux. Alors que Tieguen finit par épouser Altynaï remise de sa peine, Chouga est de plus en plus déçue par son compagnon qui passe son temps à boire et à jouer aux cartes. De désespoir en culpabilité, la jeune femme finira par se jeter sous un train...

>>> Libre adaptation du célèbre roman de Léon Tolstoï, "Anna Karénine", maintes fois adapté au cinéma, cette oeuvre hiératique et sophistiquée met en relief les subtils clivages sociétaux entre les tenants de la traditionnelle capitale du pays, Almaty, (anciennement Alma-Ata) une cité historique, parlant essentiellement kazakh, avec les résidents d'Altana, la nouvelle capitale, moderne et administrative et politique, où prédomine largement la langue russe. Certains thuriféraires du metteur en scène, au vu de ses réalisations antérieures, risquent d'être plutôt décontenancés par les orientations narratives de plus en plus elliptiques de Darezhahn Omirbaev qui semble avoir trouvé dans l'actrice Tourgambaeva, sa nouvelle égérie...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)

Bibliographie
- Annuel du Cinéma 2011
- Cahiers du Cinéma numéro 659
Critiques (Public)
18/20 : Vu en 2007 au Festival des Trois Continents nantais en v.o. sous-titrée. Le genre de regard qui accroche : très personnel, à énigmes constantes (le voisin de siège dans la salle peut interpréter différemment de soi, comme une poésie). Et pourtant, cette histoire librement inspirée du roman de Tolstoï "Anna Karénine" s'avère simple si on y repense, juste brumeuse dans la manière de planter le décor et de ne pas boucler les situations. Aucune longueur interminable ici, l'économie de dialogues (ils suffisent amplement) est compensée par les délices de l'image et du son. Que ces gens apparaissent réservés, un brin traqués, on est à l'Est où c'est monnaie courante... Il filtre un petit filet de chaleur diffuse, dans les intérieurs, les couleurs des vêtements de Chuga, ou l'arrêt sur une plante à différents stades de sa floraison pour indiquer un laps de temps, de quoi fournir la certitude que le coeur bat à l'intérieur de ces êtres un peu statiques. En voyant ces gosses postés devant la télé, on intègre que le matérialisme règne en maître par fatalité à Astana, grande ville du Kazakhstan, un pays détaché du bloc soviétique... Première image : un jeune garçon arrivant de loin à vélo, pour pêcher, zoom sur le bouchon... Le même, adulte, ensuite chez lui, déprimé, puis si gauche avec son bouquet de fleurs face à un concurrent. Il faut accepter de se laisser embarquer avec ces bribes. Et, petit à petit, l'intérêt du spectateur grandit. Voici la somptueuse Chouga (le côté racé de l'Orientale Nadine Labaki et un peu le jeu de Romy Schneider quand elle simulait l'indifférence), elle semble invincible, faisant partie de la haute société, et réputée "très intelligente", on la croirait solide comme un roc sans cette inquiétude dans le regard... Darejan Ormibaev sait intriguer, en rendant les atmosphères équivoques, tenir en haleine par une alchimie des couleurs, d'excellents cadrages, que ce soit cette scène nocturne bleutée avant que Chouga, encore maîtresse d'elle-même, monte dans le train, ou ce plan-séquence résumant la rencontre de deux hommes dans un rétroviseur (un "oeil" qui rappellerait Nuri Bilge Ceylan dans "Les climats"). Il a aussi une façon divine de filmer la neige à gros flocons, ou de fermer des portes successives pour exprimer un constat... Beaucoup d'idée, du goût, sans jamais devenir maniéré. L'insistance sur le train, en vrai ou en jouet ne lasse pas de tourmenter... Les personnages secondaires sont tous diablement efficaces, ces deux jeunes prétendants mis en balance en jouant sur l'effet de surprise du spectateur, ce père s'avouant volage devant sa progéniture, la mère d'un stoïcisme presque inhumain, cette autre fille, plus jeune, enceinte et qui avorte : là aussi il est permis de tout supposer, jusqu'à l'inceste même, puisqu'on n'a pas de "clé"... Rien de sûr jamais, et pourtant pas le malaise du doute non plus, la tristesse est transcendée par une petite note astrologique, franchement, j'ai adoré ! L.Ventriloque